Pour calmer les manifestations qui suivent après le report de l’élection présidentielle, le nouveau Premier ministre algérien annonce qu’il va former un gouvernement la semaine prochaine. Noureddine Bedoui indique que son équipe sera composée de «technocrates» et des «jeunes compétences, hommes et femmes».
Quelques jours après le retrait de la candidature du président sortant, le report de l’élection présidentielle et le limogeage du Premier ministre remplacé par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, ce dernier a indiqué qu’il va former un nouveau gouvernement la semaine prochaine. Il souligne que cette nouvelle équipe gouvernementale sera composée de technocrates et qu’elle sera représentative de la société, avec des jeunes et des femmes. Il a répété que les portes étaient ouvertes à l’opposition. Le Premier ministre a affirmé que les autorités avaient entendu les revendications de la jeunesse algérienne et que ces revendications seraient les lignes directrices du nouveau gouvernement qui ne restera que «peu de temps» aux affaires, a-t-il précisé lors d’une conférence de presse. Il a invité l’opposition à la conférence nationale sur la réforme de la Constitution. Il a indiqué que cette conférence sera présidée par Lakhdar Brahimi, un diplomate chevronné. Le chef du gouvernement a en outre assuré que la prochaine élection présidentielle serait supervisée par une commission indépendante. «Nous avons entendu le message de la jeunesse algérienne» et «les revendications de la rue» donneront le cap au futur gouvernement, a assuré Noureddine Bedoui. Sa composition sera dévoilée «au plus tard la semaine prochaine» et il s’agira d’une équipe de «technocrates», puisant dans les «jeunes compétences, hommes et femmes» dont dispose l’Algérie.
Sur le scrutin présidentiel, initialement prévu le 18 avril reporté à une date non précisée, le tout nouveau Premier algérien Noureddine Bedoui a justifié par la «volonté du peuple» le report de la présidentielle et l’auto-prolongation par le chef de l’État de son mandat – jugés illégaux voire inconstitutionnels par de nombreux observateurs : «Il n’y a rien au-dessus de la volonté du peuple», a-t-il argué. D’après Ouestfrance, les manifestants qui contestent le «système» depuis trois semaines ont commencé à choisir leurs porte-parole, notamment des avocats et des militants des droits de l’homme, pour accentuer la pression sur le pouvoir et permettre l’ouverture d’un processus de transition. Beaucoup soulignent toutefois les difficultés à réformer un régime solidement installé depuis l’indépendance de 1962 et dominé par le Front de libération nationale (Fln). Pour eux, l’annonce que le président Bouteflika ne briguera finalement pas un nouveau mandat n’est qu’une demi-mesure, voire un piège, qui ne garantit pas vraiment des perspectives de réforme. Le nouveau vice-Premier ministre Ramtane Lamamra a assuré mercredi que le gouvernement était tout à fait disposé à dialoguer avec l’opposition. Pour le président Bouteflika, «il ne s’agit pas de rester au pouvoir pendant quelques semaines ou quelques mois de plus», a-t-il assuré, «la priorité absolue est de réunir les Algériens et de leur permettre d’aller ensemble vers un avenir meilleur».
Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra ont tout de même peiné à convaincre. «A quoi sert cette conférence de presse?» leur a demandé un journaliste: «vos réponses ont jusqu’ici été hors sujet, vous ne donnez pas l’impression de vouloir répondre aux questions du peuple algérien». Le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra avait annoncé que les institutions perdureraient pendant toute cette période de transition et que le président Abdelaziz Bouteflika resterait également à son poste. Les réactions à ces nouvelles annonces ne devraient pas tarder. Car des partis de l’opposition se réunissent dans la capitale pour dire que le pouvoir ne pouvait pas continuer à travailler en dehors de tout cadre constitutionnel.
Mamadou GACKO