Un mois après le double meurtre de Tamba consécutif aux violences politiques du 11 février dernier, les premières auditions sur le fond démarrent ce mercredi 13 mars 2019, avec des «éléments nouveaux» dans le dossier. Ce qui ouvre le boulevard de la liberté à certains parmi les 14 inculpés.
Ça bouge dans le dossier des présumés meurtriers d’Ibrahima Diop (31 ans, tailleur), tué lors des incidents de Tambacounda. Un mois après le crime, les 14 suspects seront auditionnés sur le fond pour la première fois ce mercredi 13 mars 2019. Ce sera en présence de leurs avocats, selon une source judiciaire qui renseigne que les inculpés «seront entendus presque toute la semaine, durant deux voire trois jours». C’est une étape importante dans une procédure car elle ouvre la voie aux inculpés pour la liberté provisoire qui, dans la pratique judiciaire au Sénégal, ne peut être demandée qu’après l’audition sur le fond. «C’est à l’issue de ce premier rendez-vous que l’avocat arrive à s’enquérir des éléments physiques du dossier, pour entamer des procédures de recours sur les actes apposés par le juge d’instruction», informe-t-on. Mais ces auditions devraient se tenir «dans la plus grande discrétion», afin d’éviter toute éventuelle affluence au tribunal.
Les premiers résultats de l’enquête, on s’en souvient, avaient révélé l’arrestation de 26 individus parmi la garde rapprochée du candidat Elhadji Issa Sall. Selon le procureur de Tamba, «la bataille serait née d’une tentative de sabotage des affiches de Benno Bokk Yaakaar par les militants du Pur». «Dans la riposte, une échauffourée est née au cours de laquelle le nommé Ibrahima Diop est mortellement poignardé. Dans les mêmes circonstances, il a été dénombré des victimes dans les deux parties. C’est après avoir quitté la commune de Tambacounda, suite à ces événements tragiques, que le cortège du candidat du Pur, El Hadj Issa Sall, a été intercepté par la Légion Est de la gendarmerie ainsi que par un détachement du Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) basé à Kidira et un autre de l’Escadron de surveillance et d’intervention (Esi) basé à Bakel», avait révélé le procureur Demba Traoré lors de sa conférence de presse au lendemain des faits. Au final, seuls 14 personnes sont envoyées à la case prison.
Lors de la perquisition (ou visite domiciliaire dans le nouveau jargon juridique), les gendarmes avaient découvert chez les suspects, au moment des fouilles corporelles une grosse prise : un pistolet factice, des armes blanches composées de machettes, un nombre important de poignards, des bacs de base-ball, des bombes à gaz, des matraques, entre autres.
En tout état de cause, la conduite de l’enquête ne rassure guère, d’autant que les arrestations sont seulement dirigées contre les éléments du Parti pour l’unité et le rassemblement (Pur) pourtant attaqués par ceux de Benno. Une «poursuite sélective» poussant à se demander si le procureur de Tamba n’avait-il pas été orienté par les propos du candidat Macky Sall accusant des militants du Pur d’avoir tué ceux de Benno ?