La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a publié son dernier rapport sur la politique monétaire dans l’Union monétaire ouest africaine. Les résultats révèlent une variation négative de l’offre autonome de liquidité des banques. Mais également, le nombre de banques en déficit de constitution des réserves obligatoires, passé de trois à cinq.
La situation économique des banques dans la zone de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) n’est pas reluisante, si l’on se fie au dernier rapport de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) sur la situation monétaire de la zone Cfa ouest africaine. En effet, le rapport révèle que le nombre de banques en déficit de constitution des réserves obligatoires est passé de trois à cinq. Avant d’ajouter que le taux moyen pondéré des opérations hebdomadaires d’injection de liquidités s’est établi à 2,7740 % au troisième trimestre 2018 contre 4,1516 % au trimestre précédent et 3,1920 % un an plus tôt. Cela, tandis que sur le guichet à un mois, le taux moyen pondéré est ressorti à 2,9407 % contre 4,1809 %, au second trimestre. A la même période de l’année 2017, la Bceao souligne que ce taux était de 3,4018 %. Pour sa part, le taux moyen trimestriel du marché monétaire s’est situé à 2,5000 % contre 3,7747 % le trimestre précédent et 3,2029 % un an plus tôt.
Par ailleurs, note le document, la trésorerie bancaire, mesurée à travers les soldes des comptes ordinaires et de règlement dans les livres de la Banque centrale, a baissé de 370 milliards de francs Cfa au cours du troisième trimestre 2018 à 1 631,8 milliards de francs Cfa à fin septembre de la même année. Une évolution qui résulte, selon les économistes de la Banque centrale, de l’incidence négative des facteurs autonomes, soit -436,3 milliards de francs Cfa après + 678,7 milliards de francs Cfa au deuxième trimestre sur la période. Laquelle a été atténuée par la hausse de l’encours des refinancements accordés par la Bceao, soit +66,3 milliards de francs Cfa après -234,5 milliards de francs Cfa à fin juin 2018.
Les auteurs du rapport relèvent, en outre, que la variation négative de l’offre autonome de liquidité des banques a été induite essentiellement par le solde négatif des transferts initiés par les banques, soit -1 020,4 milliards de francs Cfa atténué par le retour des billets aux guichets des banques, soit +313,3 milliards. Mais également, précise-t-on, le solde des opérations avec les Trésors, soit +270,8 milliards de francs Cfa. Pis, les enquêteurs de la Banque centrale soutiennent que la position structurelle de liquidité des banques ou trésorerie propre des banques, définie comme la trésorerie des banques hors refinancement de la Bceao, demeure déficitaire de 2 041,5 milliards à fin septembre 2018 contre 1 605,2 milliards trois mois plus tôt. Pourtant, relève le document, les réserves requises des banques sur la période de constitution allant du 16 août au 15 septembre 2018 sont fixées à 672 milliards de francs Cfa. Sur cette même période, le rapport souligne que les réserves constituées par les banques sont ressorties, en moyenne, à 1 648,0 milliards francs Cfa, excédant de 976,0 milliards de francs Cfa le niveau réglementaire minimal exigé.
Par rapport à la situation de la période de constitution allant du 16 mai au 15 juin 2018, la même source note que les réserves excédentaires ont baissé de 243,6 milliards de francs Cfa, soit 145,2 % des réserves requises contre 191,7 % le trimestre précédent. Adama COULIBALY
Le déficit commercial se creuse
Dans le même rapport, la Banque centrale a analysé le déficit commercial de la zone économique ouest africaine. Il ressort des résultats qu’au troisième trimestre 2018, le déficit commercial de l’Union s’est creusé par rapport à la même période de l’année 2017 pour ressortir à 581,8 milliards de francs Cfa. Une situation délétère qui s’explique, selon les économistes de la Bceao, par une progression des importations de +317,7 milliards de francs Cfa.
Ainsi, globalement, le taux de couverture des importations par les exportations s’établirait à 85 % au troisième trimestre 2018 contre 85,1 % à la même période de l’année 2017. Cette progression des importations est essentiellement imputable à l’alourdissement de la facture pétrolière de +46,2 %, en ligne avec l’envolée des cours sur les marchés internationaux. Toutefois, l’augmentation des acquisitions de biens d’équipement et intermédiaires de +2,3 %, en lien avec l’exécution des programmes d’investissement a également contribué à la dégradation du solde commercial. Enfin, il a été constaté que les achats à l’extérieur de biens de consommation ont fléchi de 1,8 % dans le sillage de la baisse des cours des principaux produits alimentaires importés de l’Union notamment le riz et les huiles.
Par contre, le document précise que la hausse des exportations résulte principalement de l’accroissement des ventes de coton de +55,1 %, de produits pétroliers de +45,0 %, de noix de cajou de +16,5 % et d’or de +1,1 %. Ce, en lien avec l’évolution des cours internationaux et des volumes. «En particulier, pour le coton, l’accroissement du volume des exportations s’explique par les mesures de soutien à la filière mises en œuvre dans les pays de l’Union. L’augmentation des exportations a, toutefois, été atténuée par la baisse des recettes issues des ventes de cacao (-4,4 %), de caoutchouc (-18,5 %) et d’uranium (-26,3 %), dans un contexte de repli des cours sur les marchés internationaux de l’uranium et du caoutchouc», souligne le rapport. Qui explique que le recul des ventes de cacao à l’extérieur s’explique par une nette diminution des volumes expédiés de -18,1 %, qui n’a pas été compensée par les effets positifs de la remontée des cours internationaux sur les recettes d’exportation.
A. COULIBALY