L’élection présidentielle, c’est dans quelques heures. Mais les organisations de la société civile ont les yeux rivés sur le Net parce qu’il est devenu incontournable maintenant dans la crédibilisation du scrutin.
Se rappelant la loi votée récemment sur l’utilisation de l’internet au Sénégal, la présidente de Article 19, Fatou Jagne Senghor veut un internet ouvert et intègre qui va participer à la sécurisation des voix des citoyens. «On ne redoute pas une coupure. Mais comme il y a une loi qui permet cette possibilité, nous allons souligner nos inquiétudes. Cette loi a été votée, pourquoi ? Elle a été promulguée à la dernière minute malgré la réticence des acteurs. C’est à surveiller. Nous allons tirer la sonnette d’alarme et que des mesures ont été prises par la société civile pour savoir si l’internet est ralenti ou pas le jour j. Il y a des outils qui le permettent et nous les avons partagés avec les parties prenantes. Nous observerons avec attention cette question. Mais dans l’ensemble je veux être optimiste. Parce que personnellement je ne pense pas qu’un pays comme le Sénégal, le jour de l’élection, que l’Internet soit coupé», avertit Mme Senghor.
Qui estime, en revanche, que les différents candidats qui ont presque bouclé trois semaines de campagne après avoir sillonné tout le pays, n’ont pas allé en profondeur sur les questions des droits de l’Homme. Elle souligne que même si certains candidats ont ébauché la question des droits humains de manière assez générale dans leur programme, mais ils n’ont pas évoqué de manière spécifique la liberté d’expression et des questions pointues d’accès à l’information. Sur cette question, les représentants des candidats au débat, d’hier, sur le thème, «prioriser la liberté d’expression et l’accès à l’information et assurer l’indépendance des organes de régulation», ont estimé que la question de la dépénalisation des délits de presse devra être discutée.
D’après Mamadou Lamine Dianté de la Coalition Madické2019, les interrogations notées dans le nouveau Code à la presse, seront diagnostiquées, si son candidat accède à la magistrature suprême. Pour Ibrahima Hamidou Dème du Parti de l’unité et de la renaissance (Pur), même s’il reconnait que le caractère de dépénalisation est trop chargé, il souligne qu’il ne faut pas rendre les journalistes irresponsables des délits qu’ils peuvent commettre. De son côté, Mamadou Ndione de la coalition Benno Bokk Yaakaar, affirme que la liberté affirme que les droits de l’Homme sont bel et bien respectés dans la mesure où les institutions fonctionnent convenablement. «Nous avons un socle. Pendant sept ans, on n’a pas vu un journaliste bâillonné, interdit d’exercer librement son travail».
Les représentants des candidats sont revenus aussi sur le fonctionnement des médias publics. Tous à l’exception du représentant du parti au pouvoir, ont estimé qui si leur candidat gagne l’élection du dimanche prochain, il fera en sorte que le poste de directeur général des médias publics, soit dépolitisé et qu’on va procéder à l’appel d’offres. Ils ont opté pour le renforcement des organes de régulations afin qu’ils soient indépendants. Aussi, les débateurs ont fustigé l’absence de débat télévisé entre les différents candidats. La représentante de la coalition Idy2019, Me Fatou Ndiaye Touré et celui de la coalition SonkoPrésident, Amadou Sow ont déploré l’immixtion du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), qui d’après eux ne se base sur aucune disposition juridique pour couper court à la tenue de cet éventuel débat. A les en croire, il n’y pas de texte qui interdit et les médias sont libres de l’organiser. Pour Mamadou Ndione de Bby, ce débat ne doit pas avoir lieu. Parce que les gens ont attendu que les candidats soient en pleine campagne pour agiter ce sujet. Aussi, il souligne qu’un aucun format ni les règles du jeu n’ont été définis à l’avance. Autre chose qui a été abordée en commun, les cinq candidats ont rappelé l’importance de respecter les engagements internationaux.
Mamadou GACKO