Beaucoup de Sénégalais se sont arrachés les cheveux en apercevant dans un meeting de Macky Sall la robe noire française Robert Bourgi. L’indignation a tout de suite gagné les réseaux où le patron de l’Apr a été dézingué gravement.
Car, on l’y reproche de se coltiner un homme sulfureux, qui a fait ce qu’il fait à Wade à l’époque. Ou encore chez lui, en France, à un certain François Fillon, candidat de la Droite à la Présidentielle de 2017. En effet, dans un document mémorable d’une chaîne de télé française, il racontait comment il a «tué» le candidat Fillon qui était le favori des sondages. L’avocat revenait sur l’affaire des costumes qui avait contribué à plomber la campagne présidentielle de François Fillon à côté d’un poste pour sa femme. Extrait : «François Fillon, j’ai décidé de le tuer pour diverses raisons. D’abord parce qu’il a violé toutes les règles de l’amitié. J’ai toujours été correct avec lui. Toujours été fidèle. J’ai toujours défendu la position de Fillon auprès de Nicolas [Sarkozy, Ndlr]. Dans le but justement de les réunir un jour ou l’autre. (…) Il passait son temps à démolir Nicolas Sarkozy. Ça, je ne le supporte pas. (…) Je le savais accro à l’argent, et on ne pouvait pas laisser faire ça. […] Heureusement qu’il n’a pas été président de la République», détaillait-il dans l’épisode avec Fillon. Des propos incendiaires de Me Bourgi, célèbre en France pour son rôle d’intermédiaire officieux dans l’histoire des valises d’argent africain portées à Chirac, Villepin et Le Pen et par ses petites confidences.
C’est aujourd’hui avec cet homme que Macky Sall s’acoquine. Ce qui n’est pas une bonne vitrine au sein de l’opinion. Car, catalogué pro-français, le chef de l’Etat ne semble rien faire pour changer cette mauvaise image en embarquant dans son véhicule ce Monsieur de la Françafrique, suspendu du barreau de Paris, selon certaines sources. Cela va enrager les acteurs de la lutte contre l’influence de l’ex-colonisateur dans le pays et surtout les militants anti-Franc Cfa.
D’un autre côté, cette immixtion de l’avocat français d’origine sénégalaise jette un pavé dans la mare. En effet, L’Observateur, le même journal qui donne l’information, avait publié un entretien avec l’avocat dans lequel celui qui a «des oreilles qui trainent» soutenait que Macky Sall et Abdoulaye Wade se sont parlé et qu’il y a des contacts entre eux. Des allégations formellement démenties, à l’époque, par la task-force de Wade.
En tout état de cause, voir l’ami fidèle de Nicolas Sarkozy, que Macky Sall est allé voir chez lui à Paris lors du Groupe consultatif, débarquer en pleine campagne électorale, au même moment que Wade, est suspect. Car, de nombreuses langues pendues ont toujours soutenu que le chef de l’Etat sortant a tenté de travailler Sarko pour que celui-ci intercède auprès du vieux retraité de Versailles afin qu’il vote la carte de la neutralité dans cette échéance électorale. Une position qui ne serait pas loin de l’appel au sabotage lancé par le Pape du Sopi. Lequel sait, avec le regroupement de l’opposition, qu’il lui suffit juste de faire voter contre pour amener son successeur à un second tour jusqu’ici fatal à tout président-candidat sénégalais.
Seyni DIOP