L’installation des comités électoraux crée le malaise un peu partout au sein de la mouvance présidentielle. A Tamba, les choix de Sidiki Kaba ont amené le député maire de Tambacounda Mame Balla Lô a mis à exécution ses menaces en installant ce mercredi un comité électoral parallèle. Même cas de figure dans la banlieue, à Thiaroye, Pikine, Keur Massar et aux Parcelles Assainies où des responsables déclarent la guerre à Amadou Ba.
S’il y a quelque part où le président Macky Sall risque de se retrouver dans des difficultés ou face à des risques de vote sanction c’est bien-sûr à Tambacounda. En effet, le député maire Mame Balla Lô et quelques uns de ses lieutenants se sont retrouvés, cette après-midi, au centre culturel régional de ladite localité pour monter un comité électoral départemental parallèlement à celui qu’avait monté le ministre des Affaires étrangère et des Sénégalais de l’extérieure, Me Sidiki Kaba. Pour rappel, Mame Balla Lô et le responsable des jeunes avaient traité le ministre d’usurpateur du titre de mandataire de l’Apr et de la coalition BBY, mais aussi d’étranger à Tambacounda. «Si Sidiki Kaba pense pouvoir se faire une base politique sur la base de la manipulation et du lobbying, non seulement il se trompe, mais il trompe le président Macky Sall et l’avenir proche va juger», avertit le maire dissident. Pour le député maire Mame Balla Lô, «la relation entre Sidiki Kaba et Tambacounda est née en 2013 quand ce dernier a été nommé ministre de la République. Avant cela, tout le Sénégal le connaissait Thiéssois». Poursuivant, le coordonnateur de l’Apr et de BBY ajoute : «Le président Macky Sall peut nous imposer qui il veut sauf que le dernier mot revient à la base et cette base est avec nous. La salle archicomble est un bon baromètre»,martèle Monsieur Lô.
«Depuis que Sidiki Kaba a pris fonction dans l’arène politique, sa seule et unique vocation reste notre liquidation, nous qui l’avons accueilli à bras ouverts ici à Tambacounda», affirme le parlementaire qui ajoute : «Il peut aller au plus haut niveau parce que, c’est plus facile pour lui de parler au président de la République que nous. Mais c’est plus facile pour nous de s’adresser aux militants», affirme Mame Balla Lô. «Vous les militants, faites très attention à Sidiki Kaba parce qu’après le pouvoir vous ne le verrez plus car vous ne l’aviez pas vu avant 2013», conclut le député maire de Tamba.
Même son de cloche pour les jeunes de la Cojer et de Benno. Selon Monsieur Maodo Diallo, «la seule personne qui compte présentement reste le président de la République et nous n’accepterons pas que le ministre Sidiki Kaba nous fasse rater le rendez-vous du 24 février ou nous allons refaire ce que nous avions fait en 2012».
Tension à Thiaroye, Pikine et Keur Massar
La tension monte dans les rangs de la mouvance présidentielle à Dakar et sa banlieue. Ce, à cause de l’installation des comités électoraux. A Thiaroye Gare, il y a deux tendances : celle favorable au maire socialiste Babacar Séne soutenus dans son combat par certains apéristes et celle proche du coordonnateur communal de l’Apr, Samba Niang. Une réunion de crise convoquée par le Directeur général de l’Autorégulation des télécommunications et des postes (Artp) s’est terminée en queue de poisson. Même cas de figure enregistrée à Keur Massar où des responsables du pouvoir regroupés autour de la dynamique unitaire opposés à la gestion du maire Moustapha Mbengue qui selon eux est soutenu par le coordonnateur départemental Abdoulaye Thimbo ont annoncé la mise sur pied d’un comité électoral parallèle.
A Guédiawaye, Lat Diop le Directeur des investissements opposé au maire Aliou Sall a lui aussi mis en place son propre comité électoral.
Parcelles assainies dit non «aux agissements» de Amadou Bâ
Même coup de gueule exprimé aux Parcelles assainies par certains responsables de l’Apr regroupés autour d’un Collectif qui dénonce les «agissements anti-républicains» du ministre de l’Economie et des Finances Amadou Bâ. «Aux Parcelles Assainies, c’est dans la plus grande opacité et discrimination que le comité électoral a été concocté par pas plus de quatre personnes sur instructions du coordonnateur de l’Apr des Parcelles, le ministre Amadou Bâ. Beaucoup de responsables à la base, des militants et responsables de la première heure, des chargés de mission aussi bien de la présidence que de la primature n’ont été associés ni près ni de loin à la composition du comité électoral. Tout ce monde a été mis devant le fait accompli par la lecture de la composition du comité électoral lors de l’assemblée générale du mercredi passé à la «Maison des Parcellois» dénonce Djiby Ba. Et d’ajouter : «Comment comprendre pour une activité aussi importante que l’installation d’un comité électoral qui doit mobiliser toutes les ressources de la mouvance présidentielle aux Parcelles que le coordonnateur puisse convoquer une assemblée à 16 h et que les gens l’attendent jusqu’à 22h sans le voir ? On finit par nous lire la composition d’un comité électoral qui n’a fait que créer frustrations et démobilisation des militants. Nous pensons que les militants et populations des Parcelles méritent un peu plus de considération de la part du ministre».
Fustigeant encore la démarche «sectaire» du ministre, Nathalie Sagna responsable politique de l’Apr par ailleurs ancienne internationale de basket crie au scandale : «C’est un complot mûri et c’est inacceptable. Le ministre Amadou Bâ est passé à côté de ses choix. On devrait discuter pour trouver un consensus comme l’a recommandé le président Macky Sall et non nous imposer des gens». Et pour Bocar Ndiongue, responsable du mouvement Cap Emergence d’affirmer que «Amadou Ba s’est trompé d’adversaires. Nous ne sommes pas des opposants mais plutôt ses camarades de parti à qui il doit respect et considération en nous associant aux activités du parti et non nous en exclure».
Ces responsables républicains frustrés invitent leur mentor Macky Sall à réagir pour recadrer Amadou Bâ.