Félix Tshisekedi est le premier opposant à être élu président de la République démocratique du Congo depuis l’indépendance du pays en 1960.
Il a prêté serment jeudi au Palais de la nation, à Kinshasa, devant le président kényan, Uhuru Kenyatta, les membres du corps diplomatique, des responsables de l’armée, des magistrats et de quelques Congolais privilégiés, qui ont eu accès au palais.
Selon le ministère congolais des Affaires étrangères, 17 chefs d’Etat avaient été invités à la cérémonie de prestation de serment interrompue en raison d’un malaise de M. Tshisekedi.
Parmi les invités se trouvaient le président de Commission électorale, Corneille Nangaa, Vital Kamerhe, allié de Félix Tshisekedi, ou encore Emmanuel Shadary, le candidat malheureux du FCC (majorité présidentielle).
C’est la première fois depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo – autrefois Zaïre sous le règne de Mobutu Sese Seko – qu’une passation du pouvoir politique se fait entre un président sortant et un successeur élu.
La chaîne d’Etat RTNC a interrompu la retransmission en direct de la cérémonie d’investiture avant de le reprendre.
“Un célèbre président de notre pays avait dit en son temps : comprenez mon émotion”, a repris M. Tshisekedi, allusion à la phrase du maréchal Mobutu annonçant la fin du parti unique et une relative ouverture démocratique le 24 avril 1990.
“Je m’en excuse auprès du président de la République et de nos distingués invités”, a-t-il lancé en direction de son prédécesseur et des invités.
M. Tshisekedi a promis à ses compatriotes un Etat de droit où la séparation des pouvoir sera une réalité. Il a affiché sa volonté de mettre fin au règne des groupes armés qui endeuillent le Congo.
“C’est un jour historique. Nous ne célébrons pas la victoire d’un camp contre un autre, nous honorons un Congo réconcilié”, a déclaré le président de la RDC, promettant de construire un pays qui “ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme”.
Il a également évoqué une éventuelle libération des prisonniers politiques du pays.
Lors d’une dernière allocution, Joseph Kabila a appelé mercredi à “soutenir massivement” le nouveau président.
Félix Tshisekedi vient occuper le fauteuil laissé par Joseph Kabila après 18 ans. M. Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné.
Kabila père avait renversé en 1997 le maréchal Mobutu, qui avait lui-même renversé en 1965 le président Joseph Kasa-Vubu.
Bien qu’élu président, Félix Tshisekedi devra cohabiter avec Joseph Kabila dont le parti politique contrôle l’Assemblée nationale. Les deux camps devront trouver un accord de gestion du pouvoir.
L’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, dénonce un “putsch électoral” orchestré par les camps Kabila et Tshisekedi et se proclame seul président légitime.
BBC