Après le contentieux qui l’opposait à Hady Niang et son épouse, la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs) vient de donner l’autre joue et de subir un revers avec ses clients. Selon les antennes de Walf- Quotidien dans cette banque française, elle a définitivement perdu le contentieux vieux de 25 ans contre la Société industrielle des produits laitiers (Sipl) de feu Amadou Moctar Sow, ancien président du patronat sénégalais. Nos sources rapportent qu’on leur a tapé au portefeuille pas moins de 9 milliards de francs en dommage aux victimes pour avoir saisi et vendu, en 1991, un des actifs immobiliers du leader des produits lactés d’Afrique noire de l’époque.
Epilogue d’un long feuilleton à rebondissements. La Société générale de banques du Sénégal (Sgbs) vient de se faire «braquer» de 9 milliards de francs Cfa. Cela, dans le contentieux qui l’oppose depuis 25 ans à la Société industrielle des produits laitiers (Sipl) de feu Amadou Moctar Sow, ancien président du Conseil national du patronat du Sénégal (Cnp) et les Guillabert. Selon les antennes de Walf Quotidien à l’intérieur de la «Générale», c’est l’avocat sénégalais Me Doudou Ndoye -que nous avons tenté de joindre depuis trois semaines en vain- qui est arrivé à faire tomber définitivement la banque dans ce procès qui a duré plus d’une génération. Vengeant au passage tous les clients malmenés par les institutions bancaires, l’avocat qui n’a pas lâché l’affaire est arrivé à faire condamner définitivement la Banque pour un montant de 9 milliards de francs Cfa. Ce qui semble expliquer le tacle cinglant que ce dernier a récemment porté à l’Ambassadeur de France au Sénégal qui était monté au créneau pour prôner l’érection d’un tribunal du commerce, comme en Côte d’ivoire pour trancher certains litiges dans les relations économiques. Une stratégie qui a fini par être bien payante. Sans doute qu’avec le gros paquet de fric qu’il ne manquera pas de toucher, l’ancien ministre de la Justice va bien déguster son petit lait.
Selon nos gorges profondes à la Sgbs, même le directeur général de Paris est venu au Sénégal pour, entre autres, évoquer cette gênante affaire. Mais, sans rire, comme au Sénégal la justice est indépendante, nos magistrats ne sont pas du genre à se laisser influencer par le lobby bancaire de ce bras armé financier de la France à l’étranger.
Mais, d’un autre côté, le dénouement de cette affaire rend furax de nombreux banquiers sénégalais qui se plaignent d’être braqués du matin au soir. Nos sources renseignent, en effet, que des bailleurs de fonds et certains membres de l’Association des professionnels de banque sont scandalisés par cette affaire.
Ainsi, après l’affaire Hady Niang et son épouse sous le régime Wade, l’exercice 2014 où la banque enregistre une perte record de 36,4 milliards de francs Cfa ou encore le détournement à l’agence de Pikine de sa filiale Manko, la Société générale de banques au Sénégal se voit extorquer un gros paquet.
Rappelons que ce litige remonte à un peu plus de 25 ans lorsque la Sgbs, réclamant à la Société industrielle des produits laitiers le remboursement immédiat d’un crédit de 300 millions de francs Cfa, a saisi et vendu un de ses actifs immobiliers. Convaincue d’avoir déjà épongé ses dettes, cette industrie laitière, selon un document publié à l’époque par son fondateur et dirigeant, Amadou Moctar Sow, en 2016, lance une expertise. Mais, relevait-il dans le texte, «la Société générale se précipite, s’adjuge un immeuble de la Sipl pour 50 millions de francs Cfa, alors qu’il était estimé à 1,7 milliard, et le revend dans la foulée à la Sci And Jubbo, société de l’homme d’affaires libanais Tarraf Koujock, pour 180 millions de francs Cfa». Depuis, les deux parties sont en contentieux. Et en 2015, la justice sénégalaise donnait raison à Amadou Moctar Sow, condamnant ladite banque au remboursement des actifs illégalement destitués. Et un montant de 38,5 milliards était évoqué. Mais, la banque refuse depuis lors de payer et «fait usage de son influence diplomatique pour se défaire de ses obligations légales». Une stratégie qui a eu le mérite de faire trainer le dossier mais au finish, elle a été inopérante. Cela, puisque le Sénégal rappelle qu’il a une Justice et la balance ne fléchit pas sous le poids du trafic d’influence.
Seyni DIOP