La communauté soninké est victime de pratiques aux antipodes des normes élémentaires de respect des droits de l’homme.
Le quotidien de certains membres de cette communauté catalogués «castés» est rythmé par des brimades, des vexations et des privations de droits. A titre illustratif, dans plusieurs villages, ces derniers sont même interdits de postes de responsabilités au sein de la société. Cette vie en communauté est en déphasage avec les progrès de l’humanité, les engagements internationaux et communautaires du Sénégal ainsi que les textes internes garantissant les droits fondamentaux des citoyens sénégalais. C’est pourquoi, l’Association pour l’égalité et le progrès des Soninkés et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) sonnent l’alerte. Face à la presse hier, ils ont mis en garde contre d’éventuels troubles ethniques, demandent aux communautés d’éviter la stigmatisation. Aussi, ils invitent l’Etat et la société civile à travailler davantage dans la sensibilisation des communautés concernées.
Coordonnateur de l’Association pour l’égalité et le progrès des Soninkés (Asseps), Bacary Moye Sidibé, qui s’est adressé à la presse de faire savoir : «la communauté soninké de la sous-région ouest africaine garde jalousement des coutumes ancestrales. Elle conserve certaines coutumes dont l’application aboutit à l’instauration de la suprématie d’une classe dite supérieure sur une autre inférieure». Ce système rétrograde, poursuit-il, «a marqué le fonctionnement de la société depuis des temps très anciens mais la nouvelle génération la supporte de moins en moins et cette conception féodale de la société favorise régulièrement des tensions». Quant à Senghane Senghor de la Raddho, il a laissé entendre : «Lorsque nous avons été saisis par les membres de la communauté soninké sur les difficultés qui existent de part et d’autres de la frontière et qui commence à apparaître dans certains villages du Nord, nous avons jugé nécessaire d’en discuter et d’en parler. Nous avons un rôle de veille et d’alerte. La communauté soninké vit en Mauritanie, au Mali, en Gambie et en Guinée Conakry».
Même si le colonisateur a créé des frontières artificielles, selon ce membre de la Raddho, «les modes de vie restent les mêmes». «Les comportements dénoncés violent l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme qui dit que tout les êtres sont égaux dès la naissance en dignité et en droit. Ces faits sont également en contradiction avec le préambule de la Constitution du Sénégal qui rejette les injustices, les inégalités et les discriminations».
Magib GAYE