Le boycott de la campagne électorale du Président sortant n’est pas la seule mesure prise par les photographes sénégalais. Dénonçant la nomination d’un Français comme photographe attitré du président de la République, ces derniers multiplient les initiatives pour se faire entendre.
« L’emploi des jeunes sénégalais occupe une place très importante dans le programme des candidats à la présidence. Les photographes ne font-ils pas partie des jeunes à employer? La reconnaissance de talents locaux devrait être une préoccupation majeure pour ceux qui nous gouvernent », dénoncent ces photographes réunis dans un collectif qui se disent déterminés à « combattre ce mépris affiché envers leur corporation ».
« Le Boycott de la campagne du président (Macky SALL, ndlr) est déjà lancé (…)Ce combat est légitime. Les photographes patriotes sont aussi concernés par l’emploi des jeunes. Il est important de rappeler qu’aucun candidat ne peut vaincre une élection présidentielle sans l’image photographique », soutiennent Mamadou GOMIS et Cie.
Pour eux, il est question de pousser le locataire du palais à corriger ce qu’ils considèrent comme une discrimination. Selon eux, contrairement à ce que les tenants du pouvoir croient, la photographie participe à valoriser les patrimoines culturel, social etc. d’un peuple. « La photographie est la révolution du langage universel qui ne se traduit pas. Dans l’histoire du Sénégal et du monde, aucun chef d’Etat n’a été boycotté par des photographes. Ce constat amer, montre la marginalisation des talentueux photographes sénégalais disciplinés et sérieux qui font la fierté de tout un peuple. Ce plaidoyer n’est pas pour chercher une place au soleil. Au contraire, c’est de dévoiler l’amertume du Maitre de la photographe africaine, particulièrement sénégalaise », indiquent-ils.
Mamadou GOMIS et ses collègues se disent d’autant plus outrés que c’est le président d’un pays qui a une grande histoire avec la photographie qui agit ainsi. «(…) Durant toute la période coloniale, elle est restée un outil très surveillé qui devait d’abord servir les intérêts coloniaux en vertu du décret Laval (alors ministre des Colonies) voté en 1934 : le contrôle de la production et la diffusion des films et des disques est strictement réglementé dans toute l’AOF. (…) Il a donc fallu attendre près d’un siècle plus tard pour voir le premier studio tenu par un Sénégalais. Dans les années 1940 Mama Casset, le photographe le plus populaire du pays, installe à la Médina, à Dakar, African Photo. Si Mama Casset est le premier praticien du pays à ouvrir un studio, Meïssa Gaye est par contre le premier photographe du Sénégal, sinon de l’Afrique. Originaire de Saint-Louis comme Mama Casset, Meïssa Gaye ouvre son studio, Tropical Photo, dans la partie nord de l’île en 1945. D’autres pionniers suivront», rappellent-ils.
Seulement, les photographes sénégalais devront davantage s’armer davantage de courage. Leur secteur n’étant pas le seul à souffrir de la présence de Français. Depuis qu’il est élu à la tête de l’Etat, Macky SALL affiche sa préférence pour la France dont les hommes d’affaires ont mis la main sur les secteurs les plus vitaux de l’économie sénégalaise. Mais, après le transport, l’énergie, la téléphonie, le commerce, les banques et assurances etc. certains espéraient qu’ils laisseraient les Sénégalais s’occuper de la gestion de leur image. Que nenni !
WALFNet