Les citoyens sont tenus à une obligation de réserve sur les débats publics. Ils n’ont plus le droit d’exprimer leur opinion sur le fonctionnement de la Nation au risque de tomber sous le coup de la loi.
Cette menace vient du chef de l’Etat qui continue de veiller au grain par rapport à ce qu’il qualifie de dérives sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi, hier lors de la rentrée solennelle des Cours et tribunaux, il a instruit les magistrats de resserrer l’étau comme il le faut après la validation de la loi sur le code de communication électronique.
Le président de la République, Macky Sall n’a pas encore dit son dernier mot sur sa politique de restriction des libertés d’expression des citoyens. Après la validation de la loi polémique sur le code de communication numérique, au mois de novembre dernier à l’Assemblée nationale, il poursuit dans ses menaces. Hier, en marge de la rentrée solennelle des Cours et tribunaux, le chef de l’Etat a demandé aux magistrats d’être fermes en les instruisant de veiller au grain sur ce qu’il qualifie de dérives sur les réseaux sociaux et dans l’espace médiatique. «De plus en plus, il est observé dans l’espace public sénégalais, médiatique et sur les réseaux sociaux des atteintes d’une particulière gravité à la vie privée des personnes. De pareils faits dérogent à notre légendaire sens de la famille, à notre attachement à la dignité, à la pudeur et au respect de la vie humaine. Ils ne peuvent plus prospérer», menace Macky Sall, président de la République.
S’agissant des critiques à l’endroit de la Justice et des décisions rendues par les magistrats, le chef de l’Etat met en garde : Selon lui, l’œuvre de justice est une tâche délicate, complexe mais fondamentale de l’Etat. Et que les magistrats y consacrent toute leur énergie en dépit des accusations «fallacieuses perpétuelles» et des menaces pour lui donner une crédibilité reconnue, à travers monde. En à croire Macky Sall, la Justice n’est pas un service public comme les autres. Elle doit garder sa légendaire sérénité. Une sérénité qui confère à ses décisions l’autorité nécessaire. «A ce sujet, l’Etat prendra toutes les mesures qu’impose la situation pour la défense des magistrats. Notre pays a connu des épisodes douloureux. L’Etat n’attendra pas que de telles situations se reproduisent pour réagir. Force restera à la loi», laisse-t-il entendre. «La confiance en la justice est un élément fondamental dans une démocratie. Remettre en cause cette confiance, c’est mettre en doute les fondements de la République. Alors personne ne doit trouver intérêt à affaiblir la Justice», ajoute-t-il.
Sur la loi de la protection des données personnelles, le chef de l’Etat invite les juges à prendre en considération les préoccupations des victimes sur la loi portant modification de celle 2008. Pour lui, le référencement perpétuel qui fait subsister l’information, des années durant, après une décision de justice alors que la personne a même purgé sa peine ou a été disculpée pose en substance la problématique du droit. «La personne concernée dont les données se retrouvent sur le web doit avoir la possibilité de demander leur suppression. Cette personne ne peut continuer à subir pour l’éternité les affres du Net», martèle-t-il.
Salif KA