La situation nationale, marquée par une vive tension politico-judiciaire est grave, aux yeux de la société civile. C’est pourquoi, la section sénégalaise de Transparency International, attire l’attention de la justice sur les risques de basculement dans une situation d’instabilité sans précédent.
Le Forum civil tire la sonnette d’alarme sur les risques d’une crise majeure liée à la prochaine présidentielle de février 2019. «Depuis quelques temps, nous constatons un certain désordre du Droit provoqué par ceux qui sont chargés de le protéger et de le mettre en œuvre. C’est pourquoi le Forum civil attire l’attention du Conseil constitutionnel sur les risques de basculement du pays dans une situation d’instabilité sans précèdent», lit-on dans un communiqué. «La paix sociale est menacée, la stabilité de la sous-région est très fragile et les vulnérabilités du pays avérées», poursuit notre source, ajoutant que la situation actuelle du pays est caractérisée par une certaine angoisse et des craintes des populations et des investisseurs sur l’avenir immédiat du Sénégal dans un contexte où les contestations sur le processus pré-électoral font rage.
Et c’est pour prévenir toute forme de violence que l’Ong réitère sa demande consistant à désigner une personnalité ou un organe consensuel et indépendant pour la poursuite de l’organisation de l’élection présidentielle. Et faisant allusion au parrainage, la section sénégalaise de Transparency International, rappelle que le gouvernement doit éviter d’enfermer les réformes institutionnelles dans la temporalité d’un mandat et de mettre les citoyens dans une position inconfortable au moment du choix. Car pour l’Ong, la loi sur le parrainage a été adoptée sans débat, ce qui a engendré cette situation de contestations, menaçant la paix et la stabilité sociale du Sénégal.
En effet, le Forum civil constate pour le «déplorer» que le processus de vérification des parrainages a été faussé dès le départ par un «déficit de transparence et de fiabilité», car les données de base devant servir de référentiel de comparaison n’ont pas été transmises aux candidats à la candidature. «Il y a eu aussi une réelle rupture du principe d’égalité des candidats à la candidature devant les règles du jeu électoral. De plus les candidats à la candidature n’avaient aucun moyen de savoir si les parrainages transmis au Conseil constitutionnel ont fait l’objet de vérification avec les mêmes données de base. Finalement le processus électoral est bâti dans le moule de la défiance et non de la confiance des acteurs, condition substantielle aux bonnes pratiques internationalement reconnues en matière électorale», dénonce le Forum civil, ajoutant que les manquements constatés et tardivement présentés aux citoyens relatifs à l’absence de référentiel précis disponible pour tous les candidats pour éviter les erreurs matérielles, l’absence d’informations sur le logiciel de traitement des données utilisées (quel logiciel, comment a-t-il été paramétré, etc.) constituent des vices substantiels au processus de vérification des parrainages et ont causé des rejets de listes de parrainage de candidats à la candidature.
Birahim Seck et les autres membres du Forum civil estiment qu’en matière judiciaire, le sentiment le mieux partagé aujourd’hui est celui d’une justice au service de l’exécutif, une instrumentalisation à outrance de la justice à des fins de politique politicienne.
Et relativement à l’affaire Khalifa Sall, ils soutiennent que son mode de traitement semble sortir du principe de redevabilité au cœur de toute politique de bonne gouvernance, pour emprunter les voies de son élimination par voie judiciaire à la candidature à la présidentielle de 2019. «La récente sortie du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) sur la présence et le rôle actif du président de la République au sein du Csm ne fait que conforter la thèse d’une magistrature sous tutelle de l’Exécutif annihilant le principe sacro-saint de l’indépendance de la Justice. La démocratie et l’Etat de droit ne sauraient fonctionner de cette manière», conclut le Forum civil.
Charles Gaïky DIENE