Pour Alioune Tine, il est désormais de la responsabilité de chaque citoyen quels que soient sa position, son appartenance politique, religieuse, son statut, d’agir pour sortir d’une situation politique et électorale tendue et porteuse de tous les dangers. En tête, le président de la République Macky Sall, qui dans le domaine de l’organisation d’élection présidentielle ne doit pas faire moins que ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
«Le précontentieux électoral s’alourdit dangereusement au fur et à mesure de l’évolution des différentes phases du processus de la présidentielle 2019». Tel est le constat de Alioune Tine ancien patron de la Raddho et membre influent de la société civile. Pour lui, il est désormais de la responsabilité de chaque citoyen quels que soient sa position, son appartenance politique, religieuse, son statut, d’agir pour sortir d’une situation politique et électorale tendue et porteuse de tous les dangers. «En tête, le président de la République Macky Sall, qui dans le domaine de l’organisation d’élection présidentielle ne doit pas faire moins que ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade qui ont respecté une tradition qui n’a cessé d’évoluer dans le bon sens depuis les années 90», souligne Alioune Tine qui alerte sur un président-arbitre-régulateur. «Le président de la République cumule en une seule personne trois (3) rôles essentiels aujourd’hui :
Le Président, le chef de l’Etat, chef de l’Administration et des armées ; Le Président, candidat à la présidence, leader d’une coalition de partis politiques ; Le Président-Arbitre-Régulateur», explique-t-il dans une déclaration parvenue à Walf Quotidien. Non sans faire remarquer que la figure du Président-Arbitre-Régulateur a émergé dans les années 90 après les crises et violences postélectorales de 88-90 avec l’aide d’un ministre de l’Intérieur, homme d’État exceptionnel, Famara Ibrahima Sagna.
«Famara Ibrahima Sagna, une fois nommé ministre de l’Intérieur a démissionné du Parti socialiste pour être neutre et équidistant de tous les partis politiques. Il est devenu légitime pour faciliter les négociations entre le président Diouf et Abdoulaye Wade dans un premier temps et le président Diouf et les autres partis de l’opposition. C’est lui, Famara Ibrahima Sagna le géniteur du code consensuel de 1991, c’est lui qui a décroché Kéba Mbaye et convaincu Abdou Khadre Cissokho président de l’Assemblée nationale de l’époque. Ces années étaient des années de plomb avec l’impression d’un encerclement du Sénégal avec la crise Sénégalo-Mauritanienne, le contentieux du pétrole avec la Guinée Bissau et l’éclatement de la Confédération Sénégalo-Gambienne. Des vulnérabilités réelles qui expliquaient que les Sénégalais étaient unis et rassemblés dans un gouvernement d’Union en 91», rappelle encore Alioune Tine.
En 1996, poursuit-il, le ministre Abdourahmane Sow est ministre de l’Intérieur et organise les élections locales de 1996. Ces élections ont été catastrophiques au point d’être reprises à Dakar. 1996 a été une malheureuse parenthèse mais utile par les leçons apprises.
«Après ces élections chaotiques et honteuses et la tradition de fraude de certains caciques du Parti socialiste, Abdou Diouf va tirer toutes les bonnes leçons en créant l’Onel dirigée par le Général Niang et le ministère de l’Intérieur dirigé par le Général Lamine Cissé. La tradition d’une Administration neutre en période électoral est consolidée et aboutit au meilleur Parlement jamais connu au Sénégal depuis l’indépendance et à l’alternance de 2000», ajoute-t-il, soulignant que la capacité de résilience était le fruit d’un dialogue certes difficile mais qui a évolué sans cesse en qualité grâce à la qualité des hommes politiques de l’époque. Des hommes comme Wade, Dansokho, Landing, Bathily, Decroix, Ousmane Ngom, Djibo Ka, Madické Niang etc. avaient bien joué leur partition à l’époque. «Wade a affaiblit le processus en 2007, boudé les Assises en 2009. Mais il faut lui rendre justice en 2012 quand il a nommé Cheikh Gueye chargé des élections. Ce qui avait permis des élections transparentes et apaisées et une situation postélectorale calme», affirme l’ancien coordonnateur du M23. Qui demande solennellement au président Macky Sall de continuer cette formidable épopée de la démocratie sénégalaise qui a servi de phare, éclairant la voie de la démocratie sur le continent depuis le Président Senghor. «Aujourd’hui plus que jamais, les Sénégalais doivent ensemble avec intelligence, lucidité et respect mutuel construire des consensus qui protègent l’Etat et le vivre-ensemble. On est en face de menaces autrement plus dangereuses avec l’extrémisme violent qui se développe avec l’effondrement et la perte de sens du champ politique. Mais avec la découverte du pétrole et du gaz, il y a la présence d’acteurs plus forts que nos Etats et qui savent bien jouer de nos divisions», avertit le Fondateur de Afrikajom Center.
Georges Nesta DIOP