Mary Teuw Niane à rude école. Zappé cette année du Groupe consultatif au profit de son collègue Serigne Mbaye Thiam, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ruse pour se laver plus blanc que blanc.
Et pour ce faire, il n’a pas hésité à fouler aux pieds la solidarité gouvernementale pour faire chapeau aux services de son collègue des Finances qui intervient également dans la chaîne de paiement des bourses que réclamaient les étudiants jusqu’à ce que leur camarade tombe sur une balle des forces de sécurité. «C’est un dossier qui est au niveau de la justice. La justice à son temps. Chacun doit lui laisser le soin de faire son travail et de le faire en toute autonomie. Le reste, c’est dire que sur cette question, le ministère de l’Enseignement supérieur a un esprit tranquille, dans la mesure où il n’a aucune responsabilité dans ce qui est arrivé. Je voudrais souligner que la Direction des bourses et tous les autres services du ministère qui étaient impliqués dans le processus des bourses, ont fait correctement leur travail, comme d’ailleurs l’a indiqué le rapport de l’Ige qui nous a été remis ce jour», a laissé entendre le ministre sur les ondes de la Rfm, le 20 décembre dernier.
Mais, des gorges profondes au Château rapportent qu’il n’en est rien. «Aucune des personnes concernées n’a le rapport. On leur a fait lire pour ensuite recueillir leurs observations. Tout cela, c’est pour éviter des fuites dans la presse comme dans le dossier du Prodac (Programme des domaines agricoles communautaires : Ndlr», rapporte une source digne de foi. Laquelle souligne que des recommandations ont effectivement été formulées par l’Inspection générale d’Etat (Ige) à l’endroit de tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne de paiement des bourses d’étudiants, que ce soit le ministère des Finances, la banque partenaire, la direction des bourses et autres démembrements de l’Etat.
Ainsi, cette attaque sous la ceinture et tentative de gavage, jeudi dernier, du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour chercher à s’innocenter passe mal au sein du pouvoir où des caciques ne comprennent pas le jeu trouble de M. Niane qui «tente d’affaiblir notre camp en cette veille d’élection cruciale».
Cependant, le ministre en charge de la Recherche doit chercher une autre recette car cette pirouette est loin de le disculper. Parce que, nous confie-t-on, le rapport de l’Ige a effectivement formulé des recommandations aux services de M. Niane, notamment dans la «rationalisation des bourses». Cela, parce que l’Etat serait en train de payer des bourses induis à une catégorie d’étudiants. Ce qui porte l’ardoise à 60 milliards de francs Cfa et est intenable pour les finances publiques
En outre, même si c’est le chef de l’Etat qui a ouvert la jarre à pandore à décidant de faire orienter tous les étudiants non-inscrits dans les universités publiques vers le privé, on assiste à des investissements intriguant dans le supérieur pour palper cette cagnotte à plusieurs milliards de francs Cfa. En effet, non seulement l’Etat fait ce qu’il abhorre, c’est-à-dire la double dépense, en payant pour les moins bon mais beaucoup d’enseignants ont créé des écoles privées pour capter une part de cette grosse manne financière que l’Etat ventile. Ainsi, en orientant à tout va, Mary Teuw Niane décharge sa pression sur son collègue des Finances tout en sachant que l’argentier de l’Etat ne peut pas payer au-delà de ce qui a été autorisé par l’Assemblée nationale, comme le rappelait récemment le ministre Amadou Bâ lors du vote de la Loi de finances 2019.
Mauvais camarade, le ministre de l’Enseignement supérieur peut bien faire un raid sauvage et facilement mettre à l’index les services du Budget pour se dédouaner mais les Sénégalais ne sont pas dupes. Tout le monde sait que si la Rue Renée Ndiaye paie ce qui n’a pas été autorisé, on glisserait facilement dans les dépenses extrabudgétaires qui ont fait les choux gras de la presse sous le régime d’Abdoulaye Wade. Ainsi, à chaque fois que cela chauffe, Mary Teuw Niane se défausse sur les Finances. Comme avec l’histoire du scorpion qui, au risque de se noyer, ne peut pas s’empêcher de piquer la grenouille qui lui fait traverser la rivière, le ministre de l’Enseignement supérieur cherche toujours un bouc émissaire alors que le rapport saque la gestion de ses services.
Seyni DIOP