Le Sénégal est devenu maintenant un pays où les manifestations ne sont plus tolérées. C’est la raison pour laquelle, Article 19, dans son nouveau rapport, estime que les libertés d’expressions ont considérablement régressé dans ce pays.
La démocratie sénégalaise semble prendre un sacré coup, avec la répression des manifestants dans l’espace public. Cet état de fait est largement souligné par l’Article 19 qui a publié, hier, son rapport sur l’état de la liberté d’expression dans le monde. La directrice de cette organisation de la société civile, Fatou Jagne Senghor qui expliquait cette étude à la presse, indique que le Sénégal a chuté pour plusieurs raisons. D’abord, dans l’espace public, elle note une régression. Parce que depuis 2016, les manifestations publiques des politiciens et des étudiants sont régulièrement réprimées parfois entrainant de mort homme comme c’est le cas de l’étudiant, Fallou Sène, tué à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. En outre, même s’il reconnait la pluralité des médias et la liberté de la presse, Mme Diagne souligne qu’il n’en demeure pas moins que le nouveau Code de la presse constitue toujours un danger dans la mesure où les peines privatives de liberté de presse et l’article 80 qui parle d’offense au chef de l’Etat ne sont pas abrogés.
Ce rapport fait l’Etat de la liberté d’expression dans le monde à travers les cinq éléments que Article 19 qualifie de piliers de la démocratie et sur lesquels l’organisation travaille de manière approfondie en commençant par le cadre juridique notamment les droits les plus importants. A travers ces cinq piliers qui sont le digital, la protection, la transparence, les médias et l’impunité, Mme Senghor affirme qu’à travers leurs indicateurs, ils ont pu mesurer l’état de la liberté d’expression partout dans le monde. En Gambie, l’organisation de la société civile affirme qu’elle a connu une très grande avancée avec 67 % en matière de liberté de la presse en 2017. «Après plus de deux décennies de dictature sous le règne de Yaya Jammeh, Adama Barrow fût déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de 2016. L’Etat de droit n’est pas totalement consolidé, mais on note un énorme progrès dans la liberté d’expression, une amélioration substantielle, en particulier de la liberté des médias», soutient-on.
Pour ce qui est des recommandations, constatant que le délit d’offense au chef de l’Etat est un fourre-tout ne permettant pas aux uns et aux autres d’exercer correctement leur travail, Article 19 estime qu’on doit enlever cette article de l’arsenal juridique sénégalais dans la mesure où le Sénégal est une démocratie majeure et moderne. Sur la restriction d’espace civique, on doit respecter le droit à la manifestation qui est sacré et constitutionnalisé. Mais pour Mme Senghor, la plus grande recommandation en cette veille d’élection au Sénégal, c’est de demander au président de la République de ne pas promulguer le code des télécommunications qui va limiter l’utilisation de l’internet au Sénégal.
Mamadou GACKO