Les travailleurs de la justice ne parlent plus d’une seule et même voix.
Et leur démarche laisse croire que leur syndicat file droit vers la scission. En effet, deux communiqués de presse ont simultanément été publiés, hier, par deux groupes chacun se réclamant du bureau du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). Chacun annonce une manifestation dans deux lieux différents, le jeudi 29 novembre. Ce que les journalistes croyaient être un malentendu a vite cédé la place à la réalité.
Le jour-J, les deux manifestations se confirment. Au siège de l’Unsas, le Bureau exécutif national (Ben) du Sytjust, au cours d’une conférence de presse, annonce une paralysie du secteur de la Justice. «A partir de demain, il y aura plus de délivrance d’actes judiciaires ou d’actes administratifs au niveau des juridictions. Tous les lundis, nous ferons des sit-in. Le 12 décembre, nous ferons une marche et au terme de ce plan d’action, nous allons entamer une grève dès le 27 décembre c’est-à-dire au lendemain de la fin du préavis de grève. Donc, il y aura un dysfonctionnement terrible avant même que nous arrivions en grève», a annoncé Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop.
Le secrétaire général du Sytjus dénonce «le comportement cavalier, rocambolesque du ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall qui, en réalité, est la cause de tous nos désarrois et de nos difficultés». «Nous avons été reçus par le président de la République qui s’était engagé à satisfaire toutes nos doléances et avait donné instruction à Ismaïla Madior Fall et le ministre du Budget de préparer le terrain pour satisfaire nos doléances. Depuis lors, nous avons constaté que le ministre de la Justice ne pose que des actes allant dans le sens de réduire à néant les engagements et les promesses que le Président Sall avait faits aux travailleurs de la Justice», soutiendra-t-il.
Au même moment, un autre groupe qui se définit comme la Cellule de base du palais de Justice Lat-Dior de Dakar se démarque de leurs collègues. Ces greffiers (dissidents ?) déclarent observer un arrêt temporaire de travail pour montrer son mécontentement et sa frustration, suite aux agissements «peu orthodoxe» du gouvernement du Sénégal. «Le gouvernement n’a jamais respecté les engagements qu’il avait pris, allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail du personnel de la justice», fait savoir leur porte-parole du jour, Me Pape Mor Mbaye.
Selon lui, après 18 jours de grève, le Sytjust avait mis fin à ses mots d’ordre, suite aux engagements pris par le Président Macky Sall et son gouvernement. Au lieu de respecter ses engagements, la Cellule de base du palais de Justice estime avoir constaté «des actions qui sont comme de pures provocations» de la part du gouvernement. En effet, «le mois dernier, nos fonds ont connu une dégringolade inédite, car nous avons été délestés de plus de la moitié». Cependant, Me Mbaye indique qu’ils n’excluent pas de reprendre leur mot d’ordre de grève qui peut être illimité, si l’autorité campe sur sa position.
Ces deux démarches parallèles traduisent-elles les prémices d’une division du mouvement syndical dans le secteur de la justice ?
Mamadou GACKO