Plusieurs années après sa découverte, le zircon de Niafrang n’est toujours pas exploité. «La raison est à chercher dans la boulimie minière de la France qui manipule certains individus pour s’emparer du projet», accusent des populations de cette localité du département de Bignona.
Correspondance – Depuis plusieurs jours, le matériel de forage de l’entreprise en charge de creuser un forage hydraulique au profit de la population de Kabadio est retenu à Diouloulou, dans le département de Bignona. L’absence d’autorisation est brandie par l’autorité pour empêcher les engins d’arriver sur les lieux pour démarrer les travaux. Mais, derrière cet acte administratif se cacherait «une main sournoise chargée de mettre en œuvre l’agenda caché de la France», accusent certaines populations et des proches de Astron, l’entreprise australienne, auteur de l’exploration et de la découverte du zircon de Niafrang.
Au cours d’un point de presse tenu dans un hôtel de la place à Ziguinchor, ces derniers sont revenus sur les péripéties qui ont conduit à ce nouveau feuilleton, perçu comme un nouvel acte dans la stratégie française pour s’emparer des richesses naturelles de notre pays. A en croire Ibrahima Diaw, la construction d’un forage à Kabadio répond à une volonté de prise en charge des doléances des populations. Lesquelles avaient sollicité un certain nombre de projets comme la construction d’une route, la généralisation de l’éclairage dans la zone, la réfection de la mosquée, la connexion au réseau téléphonique dans ces localités où le réseau gambien est largement pratiqué, entre autres demandes. La promesse d’Astron à prendre en charge l’essentiel de ces préoccupations a été confirmée par la directrice de l’exploitation de l’entreprise australienne, interpellée au cours de la ziarra annuelle de Kabadio. Hélas, le matériel envoyé plus tard pour mettre en pratique un de ces engagements n’arrivera pas sur place, au grand dam d’une population indignée, mais pas surprise, à en croire Ibrahima Diaw qui soupçonne depuis le début, la mise en place d’une campagne acerbe menée dans la zone d’exploitation par des valets au service des intérêts français. Au cœur de cette entreprise se trouverait la section locale du Forum civil qui se serait rendu coupable de partialité. Le conseiller technique d’Astron dénonce les agissements de cette organisation de la société civile qui choisit de se ranger derrière un des protagonistes au mépris de la grande majorité, en contradiction avec sa mission. Pour preuve, il brandit l’invitation envoyée aux membres du comité de lutte contre l’exploitation du zircon pour un atelier de formation prévu le 3 août prochain au foyer des jeunes de Niafrang. «Officiellement, il s’agira d’une formation sur l’étude d’impact environnemental du projet, mais, en réalité, les participants seront initiés aux techniques de blocage pour mieux s’opposer aux travaux», accuse Ibrahima Diaw. «Par ces actes répréhensibles, la France met en oeuvre sa volonté de s’accaparer les richesses nationales », déplore-t-on du côté des défenseurs du projet. «Ce projet, c’est nous qui l’avons voulu», clame le représentant des sages de Kabadio qui regrette les attitudes et comportements tendant à retarder l’exploitation du zircon de Niafrang.
Une chose est sûre : «Les manœuvres, stratagèmes et autres manigances de la France pour évincer Astron au profit d’une entreprise française ne marchera pas» préviennent Oumar Diabang et ses camarades. Lesquels invitent à une mobilisation contre la forfaiture de l’ancienne puissance coloniale.
Mamadou Papo MANE