Les femmes peinent à accéder au lycée. La société civile tire la sonnette d’alarme quant à la faible présence des filles au secondaire. D’après un rapport qui fait l’état des lieux en perspective des objectifs de développement d’ici 2030, seuls 6 % des filles franchissent le cap du secondaire.
Seulement 6,1 % des femmes sénégalaises ayant entre 3 et 5 ans ont terminé leurs études secondaires. C’est ce qu’estime le rapport sur l’indice du genre. Le document a été partagé, hier, à Dakar par les Ong Plan international et le Forum des éducatrices africaines (Fawe). L’objectif du document qui présente des données sur le genre, de 2011 à 2018, est de faire un état des lieux dans la perspective de l’atteinte des objectifs de développement pour l’horizon 2030.
Sur la base de ce rapport, la société civile, présente à la publication du document, soutient que «le Sénégal est vraiment en marge des autres pays pour ce qui a trait à l’achèvement de la scolarité secondaire des filles. Six pour cent seulement d’entre elles avaient, en effet, terminé leurs études secondaires en 2016».
La responsabilité des autorités est mise à l’index. En cela, le document reconnait que la volonté politique est manifeste, mais que «les lois sur le papier, même accompagnées de marques supplémentaires de volonté politique et de dépenses gouvernementales, ne se traduisent néanmoins pas par des améliorations dans les taux d’achèvement par les filles de leur scolarité secondaire».
Ce taux des filles au lycée est à mettre en lien avec le faible niveau de leurs résultats d’apprentissage. D’après le document, «35 % seulement des filles de plus de 15 ans savent lire et écrire, contre 53 % des garçons». Ce qui est, selon le rapport, la conséquence de beaucoup d’obstacles à l’achèvement d’une scolarité secondaire de qualité. Ces contraintes sont liées aux coûts, normes sociales, à l’éloignement des établissements scolaires secondaires, aux facteurs sanitaires, au manque d’infrastructures sensibles au genre, aux tâches domestiques…
Ce plaidoyer en faveur de la scolarisation des filles est contenu dans le rapport sur l’égalité de genre. Le Sénégal fait partie des six pays qui sont concernés par l’étude. C’est parce que, d’après le document, «les pays (dont le Sénégal, Ndlr) étaient considérés contenir des espaces sûrs dans lesquels la société civile pouvait mener des actions de plaidoyer et avoir une influence avec un certain niveau de liberté». Une certitude qui risque de s’effriter avec le contexte tendu du bras de fer entre le régime et la société civile.
D’après le rapport, le Sénégal et les cinq autres pays (Colombie, Inde, Indonésie, Kenya, Salvador) représentent près de 22 % de la population mondiale. D’autres dimensions, en rapport avec le genre que le «Sénégal gagnerait à améliorer», de l’avis des experts, ont également été étudiées. Il s’agit de la pauvreté qui touche le genre, du travail non rémunéré, des tâches domestiques non rémunérées, des violences à l’égard des filles, des mariages des enfants, etc.
Emile DASYLVA