A 48 heures, du Gamou de Médina Baye, les étrangers battent déjà le record de la mobilisation. Ils viennent de plusieurs pays d’Afrique : Nigéria, Niger, Maroc, Togo, Mali, Mauritanie, etc. Ces fidèles érigent leurs quartiers généraux dans la ville de Cheikh Ibrahima Niass.
(Envoyé spécial) – A moins de 72 heures du Maouloud 2018 commémorant la naissance du Prophète Mohammad (Psl), les principales artères de Médina Baye commencent déjà à refuser du monde. Venus de tous les coins et recoins de la sous-région, notamment du Nigéria, du Niger, de la Mauritanie, du Mali, du Maroc, du Togo, etc., la vague des étrangers est visible partout dans les quartiers de la ville. L’affluence est déjà au comble sur les alentours de la mosquée, lieu d’attraction des fidèles pèlerins. Des femmes maures toutes voilées, assises sur les alentours de la grande mosquée entonnent des chants religieux. Toutes les rues et ruelles de la ville de Kaolack sont occupées, des nappes installées par-ci et par là. Les fidèles rivalisent d’ardeur. Au moment où les uns récitent le Coran à haute voix, d’autres égrènent leur chapelet.
Derrière les grilles, les deux mains levées vers le ciel, ils psalmodient dans un silence trahi par un bruit indescriptible. Des baffles hauts parleurs scotchés à tous les coins de la mosquée distillent des versets de Coran et campent le décor. Ici, on ne vit et ne respire que pour Baye Niass. Aucun sacrifice n’est de trop pour célébrer la naissance du Prophète Mohammad (Psl). «Rien n’est de trop pour rendre hommage à Cheikh Ibrahima Niass. C’est lui qui nous a sauvés et nous a mis sur le droit chemin. Nous sommes plusieurs centaines à faire le déplacement chaque année, malgré la distance. Nous avons fait plus d’une semaine en cours de route», renseigne Salif Youssouf, originaire du Niger, trouvé assis dans l’enceinte de la mosquée, chapelet enrôlé autour du poignet. «Nous ne pouvons pas calculer le nombre de fidèles qui vient de l’étranger pour passer le gamou à Médina Baye. Actuellement toutes les maisons sont débordées. Les délégations viennent de partout. Les fidèles sénégalais viennent toujours au dernier moment», indique Baye Oumar Sall, un fervent disciple de Baye Niass.
Dans une maison à quelques mètres de la grande mosquée, des Mauritaniens érigent un quartier. Habillé en grand boubou blanc, bien repassé, Cheikh Tidiane Ould Saïd Hady, chef de la délégation mauritanienne, fait des entrées et sorties. Aidé d’un membre de la famille de Baye Niass, il installe ses compatriotes. Difficile de lui soutirer un mot. Après plusieurs négociations, il accepte finalement de prononcer quelques mots. «Nous sommes venus avec une forte délégation pour célébrer le Maoulid à côté de la famille de Baye Niass. Hommes, femmes et enfants, tout le monde a fait le déplacement pour venir célébrer le Maoulid, ici, à Médina Baye. Nous n’avons lésiné sur aucun moyen pour rendre la fête belle. Mes fils et petits-fils ont convoyé à pied des chameaux depuis la Mauritanie jusqu’à Médina Baye. Nous le faisons chaque année deux jours avant le Maoulid. C’est Cheikh Ibrahima Niass qui nous a appris comment célébrer le Prophète Mohamet (Psl)», lance-t-il en pressant le pas.
Samba BARRY