Au moment où le gouvernement se gargarise d’avoir décroché la timbale au Mcc, il instaure une nouvelle taxe qui frappe l’électricité consommée par les entreprises industrielles.
Laquelle, destinée à renflouer le Fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie, devra permettre de financer l’éclairage public qui connaît de nombreuses difficultés. Mais, elle va davantage contribuer à alourdir les charges du secteur productif sénégalais, appelé à être compétitif avec l’arrivée de mastodontes que va consacrer l’ouverture des frontières de la Cedeao.
Les entreprises encore pressurées. Alors qu’elles honorent déjà la patente, les entreprises industrielles doivent bientôt s’acquitter de la «taxe sur l’électricité consommée» pour renflouer le Fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie. Une hypertrophie fiscale du gouvernement qui cherche à financer l’éclairage public en proie à de nombreuses difficultés. «Le financement de l’éclairage public connaît de nombreuses difficultés. Il est marqué par une accumulation de dettes non payées de la part des collectivités territoriales. En effet, l’insuffisance des ressources desdites collectivités fait que la plupart d’entre elles ne parviennent pas à honorer les factures d’électricité pour l’éclairage public. Cet état de fait a inévitablement des conséquences indésirables sur la viabilité financière de la Société nationale d’électricité (Senelec) dont les performances sont plombées», relève le rapport de présentation du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Non sans ajouter qu’il est, dès lors, nécessaire de revoir la politique de financement de l’éclairage public pour permettre à la société susmentionnée d’assurer un éclairage public en quantité et en qualité gage de sécurité pour les personnes et les biens. «La création de ressources ayant vocation de garantir le paiement des sommes dues au titre de l’éclairage public est le moyen le plus adéquat pour asseoir une solution efficace à ce problème. C’est dans cette perspective que le gouvernement a prévu la création d’une taxe dénommée +taxe sur l’électricité consommée par les entreprises industrielles+», note le document dont WalfQuotidien a copie.
Selon ce décret numéroté 2018-1943 signé le 26 octobre dernier, qui instaure cette taxe parafiscale, sont soumises à ce prélèvement les personnes physiques ou morales, exploitants industriels pour leur consommation d’énergie fournie par la société concessionnaire de service public dans le domaine de l’électricité. Seules les entreprises industrielles ayant régulièrement signé une convention avec l’Etat du Sénégal qui les exonère de taxes indirectes sont exonérées de la taxe. Il en est de même pour les consommations d’énergie non fournies par Senelec dans le domaine de l’électricité ainsi que celles fournies par le concessionnaire du service public par le moyen d’une alimentation à basse tension pour usage domestique ou professionnel. «Le recouvrement, le contrôle et le contentieux sont du ressort de la Direction générale des Impôts et Domaines et se font dans les mêmes conditions et sous les mêmes garanties et sanctions qu’en matière de taxes indirectes», précise le décret de Macky Sall.
Cependant, force est de constater que cette taxe de 2,5 % appliquée sur une base constituée par le prix hors taxe de l’électricité consommée risque de faire chavirer les capitaines d’industries sénégalais. Lesquels pleuraient déjà sur leur sort avec l’arrivée de mastodontes dans la zone économique ouest africaine en plus de la matérialisation prochaine de la Zone de libre-échange continentale (Zlec). Car, au lieu de les aider à se mettre à niveau pour être compétitifs et préparer l’arrivée de la concurrence, l’Etat contribue à les noyer. Cela, après avoir livré des pans entiers de l’économie nationale aux Français, Marocains et autres Turcs. Et malgré les difficultés de la poule aux œufs d’or, l’Etat fait preuve d’une imagination fiscale sans limite. «Les industriels versent déjà la contribution économique locale aux communes et le gouvernement veut les taxer encore. Ce n’est pas normal. L’électricité coûte cher pour les industriels. Nous avons le tarif le plus élevé de la sous-région. On ne peut pas désavantager le secteur productif pour les besoins d’un éclairage. L’Etat n’a qu’à augmenter l’essence comme dans tous les pays. Ce blocage des prix à la pompe, jusqu’après les élections, est intenable. Le Fmi l’a dit récemment. Cela avait fatigué la gouvernance du régime précédent qui s’est retrouvé avec une dette intérieure incroyable», s’insurge un industriel qui ne veut pas être cité.
Seyni DIOP