C’est dans les geôles de La Haye que Laurent Gbagbo a appris la mort d’Aboudramane Sangaré, son compagnon de lutte. Dans une lettre, l’ancien président a rendu hommage à ce cadre discret du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Privé de sa liberté mais pas de sa plume, Laurent Gbagbo a rédigé une lettre pour honorer la mémoire d’Aboudramane Sangaré, son ami et compagnon de lutte mort il y a quelques jours. « Que de combats n’avons-nous pas menés ensemble, que de misère n’avons-nous pas partagée ensemble ; que de souffrances n’avons-nous pas connues ensemble, mais aussi que de rêves n’avons-nous pas caressés et de joies ne sommes-nous pas communiquées mutuellement .Inséparables, nous sommes unis par un destin commun que notre foi en la démocratie, comme meilleur mode de gestion des contradictions inhérentes à toutes les communautés humaines, nous a imposé » a-t-il écrit.
Pour cet objectif poursuit-il, «nous avons fait esprit ensemble dans une sorte d’osmose qui nous permet de nous transférer nos idées de façon commutative, même quand nous sommes séparés physiquement. Cette fusion d’esprit, dans deux corps différents, nous a permis, grâce à l’alternance dans l’action, de déjouer les différents et nombreux pièges de l’adversaire. Ainsi quand ne suis ici et que tu n’es pas ici, tu y est aussi » affirme M Gbagbo. L’ancien président ivoirien a par ailleurs loué la loyauté du disparu et à sa fidélité aux idéaux du parti. Depuis 1971 Aboudramane Sangaré a été de tous les combats. De la palmeraie de Dabou en 1988 au congrès de Moossou en 2018, il est resté le gardien fidèle du FPI, témoigne l’ancien président ivoirien.
Je tiendrai jusqu’au bout. Je te le dois.
Laurent Gbagbo n’a pas occulté la discrétion et l’humilité de son camarade de lutte. A l’en croire, tout autorisait Sangaré à réclamer la primauté mais il a toujours refusé de solliciter une quelconque prime particulière. Il était pour les militants du FPI, le gardien du temple. Un rôle qu’il a su bien jouer selon Laurent Gbagbo, malgré les torrents et les tempêtes qui ont secoué ce temple. « Quand tous semblait compromis ton calme et ta sérénité ont toujours donné espoir » indique l’ancien président ivoirien qui souligne la réputation d’honnêteté et d’incorruptibilité d’Aboudramane Sangaré. Une réputation qui ne s’éteindra jamais et qui constituent le plus grand témoignage de la vie du disparu.
Laurent Gbagbo a enfin promis à son ami de garder le cap et de poursuivre le combat. « Je t’entends me dire, Laurent n’abandonne pas. Sang, je te promets, au nom de notre engagement commun, jamais je n’abandonnerai. Je reste à la tâche même privé de liberté. Je tiendrai jusqu’au bout. Je te le dois » a-t-il conclu.
La nouvelle tribune