Comme en 2016 et en 2017, Macky SALL s’est retrouvé tout seul à son Forum sur la Paix et la Sécurité en Afrique. Aucun chef d’Etat, même ceux des pays frontaliers, n’a jugé utile de venir à Dakar prendre part à cette rencontre. Heureusement qu’il y avait Adama Barrow qui paie encore un lourd tribut l’éviction de Yahya Jammeh.
Le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique qui a démarré, lundi, au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD) n’est africain que de nom. En effet, tous les pays de la sous-région ont préféré envoyer des délégués plutôt que leur président. Du Tchadien Idriss Déby, au Mali Ibrahim Boubacar Keita, en passant par le duo Abdel Aziz – Alpha Condé, bref, aucun des chefs d’Etat parmi les plus concernés par la question ne s’est pointé à Dakar. Pourtant, prenant la parole, le président SALL a focalisé son discours sur la sécurité de la sous-région, en particulier du Mali. « Nous avons plus de 10.000 Casques bleus au Mali, il n’est pas normal qu’avec 10 000 Casques bleus avec la force Barkhane, qu’il continue d’y avoir des forces qui perturbent le pays. Ce n’est pas logique », a-t-il notamment plaidé. Malgré l’importance et la sensibilité du sujet, les pays qui partagent avec le Sénégal les mêmes réalités, les mêmes risques liés au terrorisme ont décidé de faire la sourde oreille. Laissant Macky SALL, seul, prêcher dans le désert.
Le Sénégal de plus en plus isolé
Ce boycott qui ne dit pas son nom est sans doute un coup fourré du groupe des cinq (G5 Sahel). Le Sénégal ne fait pas partie du G5 Sahel qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Et, ce n’est pas faute d’avoir essayé. «Ce que je tiens à préciser, au nom du Sénégal, c’est que nous, nous respectons la liberté d’association des États au plan international. (…) Nous avons la volonté de travailler avec le G5 Sahel, comme avec tout autre cadre organisé qui s’engage dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans le Sahel et au-delà du Sahel, en Afrique et dans le monde en général », a déclaré Mankeur NDIAYE, alors ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. C’était au lendemain du sommet du G5 Sahel organisé dans la capitale malienne au début du mois de juillet 2017. Macky SALL qui n’avait pas reçu de carton d’invitation, avait envoyé son diplomate en chef s’offusquer de cette mise à l’écart. « Le Sénégal fait partie intégrante du Sahel. On ne peut pas extirper le Sénégal du Sahel », avait ajouté Mankeur NDIAYE.
Heureusement qu’il y a Barrow
Ce lundi, à l’ouverture du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, Adama Barrow a été l’exception confirmant la règle. Il a sauvé l’honneur de Macky. Seulement, le président gambien a-t-il le choix ? Installé dans le fauteuil présidentiel gambien par Macky SALL, Adama Barrow se montre plus que reconnaissant. Ainsi, à chaque fois que le président sénégalais s’ennuie dans une rencontre internationale convoquée à Dakar, Barrow est là. À l’inauguration de l’AIBD, il était là. Aux funérailles de Bruno DIATTA, il était là. Et cela ne risque pas de s’arrêter. Tenu par la France, Macky peut toujours s’appuyer ou se défausser sur Adama Barrow.
Mame Birame WATHIE