De manière très diplomatique la Fondation Mo Ibrahim constate que la gouvernance continue de progresser lentement en Afrique. Mais, elle ajoute qu’elle reste en deçà d’une croissance démographique explosive et des attentes de la jeunesse, selon l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine 2018.
Publié hier à Londres, l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (Iiag) 2018 montre que les progrès de la gouvernance sur le continent africain restent loin des attentes d’une population fortement croissante et de plus en plus jeune. «Le niveau de gouvernance globale en Afrique maintient une tendance moyenne à l’amélioration au cours de la décennie écoulée, et environ trois citoyens du continent sur quatre (71,6 %) vivent en 2017 dans un pays où la gouvernance s’est améliorée. Trop de gouvernements ont échoué à convertir la croissance économique de leur pays en Développement économique durable pour leurs concitoyens», relève le communiqué de la Fondation Mo Ibrahim qui l’annonce.
Selon cet indice, qui mesure la capacité des pouvoirs publics à permettre à leurs concitoyens de poursuivre leurs objectifs économiques et de prospérer, la tendance presque stagnante de la dimension «Développement économique durable» contraste de façon brutale avec une croissance démographique explosive et une attente exacerbée de la jeunesse du continent. «Au cours de la décennie écoulée, la population du continent s’est accrue de + 26,0 %, et 60,0 % de ses 1,25 milliard d’habitants ont aujourd’hui moins de 25 ans», lit-on dans le texte. Qui signale que les pays africains divergent de façon croissante. Car, note l’indice, si 27 pays du continent enregistrent une amélioration en termes de développement économique durable sur la décennie, pour 25 autres, hébergeant près de la moitié (43,2 %) des citoyens du continent, cette dimension est en régression.
Cité par le communiqué, Mo Ibrahim, président et fondateur de la Fondation Mo Ibrahim, souligne que la poursuite de la progression de la gouvernance globale sur le continent est une bonne chose, mais pense que les occasions manquées de la dernière décennie en matière de développement économique durable sont un sujet majeur de préoccupation. «Le continent africain est confronté à un défi prioritaire. Le potentiel immense que représente une jeunesse devenue fortement majoritaire, et qui continue de croître, pourrait transformer le continent pour le meilleur. Mais cette opportunité est sur le point d’être gaspillée. La jeunesse africaine réclame des perspectives, des espoirs, une voix au chapitre. Sans accélération de la création d’emplois, le continent va dans le mur. C’est maintenant qu’il faut agir», dit le milliardaire anglo-soudanais et entrepreneur dans le domaine des télécommunications.
Seyni DIOP