C’est un document authentique qui comporte tous les interdits à Touba, renouvelés par le nouveau Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké.
Ledit document est notifié à tous les services de l’Etat présents à Touba, notamment : les démembrements de la police judiciaire (police, gendarmerie), la commune de Touba mosquée, la sous-préfecture de Ndame, le Tribunal d’instance de Mbacké, entre autres. On y retrouve 28 interdictions qui concernent aussi bien les sujets de droit commun (civils) que les hommes en uniforme. Les premiers articles de cette «Loi de Touba» font état de l’interdiction formelle de l’usage de boissons alcoolisées, de manière publique et clandestine ; la vente et l’usage de drogue de quelque nature qu’elle soit ; les jeux de hasard ou loterie sur la voie publique ou en privée ; les vols et les recels ainsi que le port d’armes blanches et à feu sans autorisation. C’est dans ce registre qu’il faut inscrire l’interdiction faite aux sociétés qui viennent à Touba, qu’elle soit publique ou privée, de faire des loteries pour vendre leurs marchandises. Idem pour le tam-tam, la danse, la musique et les manifestations folkloriques. Sur la liste des interdits à Touba et ses environs figurent le fait de fumer le tabac, les cigarettes et l’usage de produits cellulosiques, communément appelés Guinze.
Côté port vestimentaire, il est interdit de porter des habits indécents, plus précisément : des bodys, des vêtements sans manche, des habilles transparents ou serrés, des jupes courtes ou fentes jusqu’aux genoux. Il s’y ajoute le port incorrect de vêtements appelés «Criss-Cross» que font les garçons. Les femmes portant des pantalons, des casquettes simples ou publicitaires ; les habits dont la poitrine n’est pas protégée ou à dos nu ne sont pas aussi tolérés dans la cité religieuse. Il est aussi interdit aux femmes qui font la publicité de porter des casquettes. Et pour boucler la boucle sur ce point bien précis, il est interdit aux femmes des forces de l’ordre, de défense et de la sécurité de porter des pantalons dans Touba.
Dans le secteur du transport, le Khalife n’autorise pas le fait qu’un homme supporte une femme dans une moto ou tout type d’engins à deux roues. Dans le domaine des sports, la pratique du football dans la cité religieuse et environs est aussi bannie. De même que les salles de sport qui regroupent les filles et les garçons. S’y ajoute l’implantation de salons de coiffure au niveau de la première corniche. Pour ce qui est de la religion, il est interdit «tout étranger qui essaie d’imposer une autre religion». Aussi, tout enseignement différent de celui édicté par Serigne Touba. S’y ajoute le charlatanisme, les fétiches et toute autre pratique similaire.
Toute forme de banditisme, de délinquance et de criminalité n’est permise dans la cité de Bamba, avec notamment les cas d’agression, de cambriolage, de braquage. La même interdiction s’applique en ce qui concerne les mœurs, c’est-à-dire les viols, la pédophilie, l’attentat à la pudeur ou l’outrage public aux bonnes mœurs. L’homosexualité, le lesbianisme et toutes les pratiques similaires y sont bannis. Les hommes qui font les tatouages aux femmes où le phénomène appelé «Peignez mou lisse» ne sont pas également les bienvenus, de même que les individus de sexe féminin qui s’adonnent à la prostitution (publique et clandestine) et infractions assimilées, tel que le proxénétisme. Le domaine de la politique n’est pas en reste puisqu’une disposition portant interdiction des manifestations politiques, publiques ou clandestines, est prévue.
La santé des populations préoccupe vivement le Khalife général des mourides. C’est ainsi que les vendeurs de viande impropre à la consommation ne sont pas les bienvenus à Touba. Et enfin dans le dernier article, il fait état de ce qu’il est interdit de «faire la sonorisation aux environs de la grande mosquée» ainsi que l’exposition de statuts mannequins.
Pape NDIAYE