Après la lettre salée de Touba qui qualifie les vidéos postées par Tdk Tv de «comportement impardonnable, injustifiable», le Cnra qui condamne cela va jouer la médiation en faveur des travailleurs qui, selon Babacar Diagne et ses collaborateurs, ont déjà fait mea-culpa.
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a été saisi par les organisateurs du Magal de Touba, selon son président, Babacar Diagne. Cela, suite à des vidéos postées dans le net, en particulier sur Tdk Tv et que Touba n’a pas appréciées. De l’avis du nouveau patron du Cnra, les travailleurs de Tdk Tv qui «ont été à l’antenne, ont demandé pardon». Cela n’empêche pas à l’instance de régulation de se rapprocher des chefs religieux de Touba. D’après M. Diagne, la réaction des dignitaires religieux est attendue. En attendant, il promet de ne pas rester les bras croisés. Ce, d’autant que Touba a utilisé le terme de «comportement impardonnable, injustifiable». M. Diagne avait convoqué la presse, hier, à son siège, pour poser le problème. De l’avis du successeur de Babacar Touré, «il n’y a pas de raisons que cela ne baisse pas (la tension, Ndlr) parce que ce sont des jeunes, ils ont été un peu trop loin. Ils l’ont su, ont arrêté et demandé pardon».
Le Cnra a l’habitude d’envoyer des communiqués quand il s’agit d’alerter sur un cas au lieu d’une conférence de presse. Interpellé sur le changement de format pour une mise en garde, l’ancien directeur de la télévision publique dit que «la presse a été convoquée pour voir la gravité de l’acte posé». Pour lui, «c’est une démarche porteuse de proximité. Les lettres sont une démarche épistolaire, très souvent trop sèches». Plus tôt, M. Diagne a laissé entendre que «la Une des journaux a prouvé que c’est quelque chose de très sérieux pour Touba. Nous avons reçu une plainte qui vient directement du Comité d’organisation du grand Magal de Touba, signé par le président de la Commission culture et communication. La plainte est contre Tdk Tv, une chaine de Macca company». D’après lui, ce sont «les autorités de Touba qui ont freiné les talibés». Selon la Commission culture et communication du Comité d’organisation du grand Magal de Touba, «la publication des vidéos a produit un scandale qui aurait pu déboucher sur des troubles à l’ordre public car les fidèles sont remontés, choqués par les images et les propos blasphématoires sur le mouridisme au moment où toute la communauté et la Oumah islamique s’apprêtent à célébrer le grand Magal de Touba».
Le président du Cnra approuve les complaintes des organisateurs du Magal : «Les images que j’ai vues sont totalement indécentes». De l’avis de Babacar Diagne, «très souvent on est obsédé, obnubilé par les vues, les nombres de vues. Et très souvent, on le fait en dehors de toutes considérations. C’est cela qui pose problème». Pire, ironise l’ancien ambassadeur du Sénégal en Gambie, «quand vous mettez une population pacifique en conflits, cela fait penser à la Radio des mille collines». Il ne faut pas que les moyens de communication compromettent les relations entre les communautés. Sinon, prévient-il, «la recherche du gain va nous faire fouler au pied des règles essentielles qui assurent un bon voisinage entre confréries, ethnies». D’après Babacar Diagne, il faut prévenir parce qu’aujourd’hui, c’est le Magal qui en est une victime, demain cela pourrait être le Gamou. Ce qui ne l’empêche pas de réitérer que «ce qui a été fait n’est pas acceptable. Vous serez outré (en voyant les vidéo, Ndlr)».
- Diagne a par ailleurs annoncé que le Cnra va se rapprocher des groupes de presse. «Je sais ce que les gens vivent», confie-t-il en rappelant avoir vécu près de 30 ans dans la presse. Il prévoit également de rencontrer les chefs religieux pour les entendre et avoir leur perception des medias et du travail du Cnra. Ce travail devra se faire avant la campagne électorale. Le Cnra rencontrera les organes de presse pour «les armer», pour faire voir ce qui est important. Le Cnra prévoit aussi de travailler avec les grands groupes de la publicité «pour voir ce qu’on peut changer, améliorer», précise Babacar Diagne. Qui dit que le Cnra va voir comment parler avec l’Etat sur la question de la publicité.
Emile DASYLVA