Dire qu’une personne est mauvaise parce que c’est un salafiste, n’est pas justifiée, car être salafiste n’est ni un handicap, ni un défaut. C’est la conviction d’Oustaz Alioune Sall, qui a consacré son «prêche» d’hier, sur Sud Fm, à l’actualité politique, marquée par des stigmatisations et insultes. Et pour l’Imam, dans un débat, quand on insulte, pleure ou frappe, c’est parce qu’on n’a plus d’arguments.
Oustaz Alioune Sall ne veut pas rester en dehors de l’actualité. Le célèbre prêcheur a commenté l’actualité politique des derniers jours, avec les accusations de salafiste et les insultes portées contre Ousmane Sonko (qu’il n’a pas nommé).
«Dire que telle personne appartient à tel groupe ne suffit pas pour nuire ou détruire cette personne»
Sans citer les noms des acteurs concernés, l’arabisant a remis les pendules à l’heure. «Telle personne n’est pas bonne parce que c’est un salafiste, ce n’est pas vrai. Et dire que telle personne appartient à tel groupe ne suffit pas pour nuire ou détruire cette personne. (…). Etre salafiste, ce n’est ni un handicap, ni un défaut. Une personne qui a un handicap ou un défaut, c’est une personne qui n’est pas saine d’esprit, quelqu’un qui a l’esprit tortueux, où encore quelqu’un qui ne sait pas vers quelle direction diriger le pays…», a martelé Alioune Sall. Qui ajoute que quand on ne connait pas une personne, parce qu’on n’a pas de relations particulières avec elle, il est facile de la juger. Récemment, Ahmet Khalifa Niasse a fait une sortie contre Sonko en soutenant que ce dernier est un salafiste et qu’il était dangereux que le pays soit dirigé par un salafiste. Une accusation reprise par plusieurs autres détracteurs du leader de Pastef.
«Dans un débat, celui qui insulte, pleure ou frappe le premier, manque d’argument»
Par rapport aux insultes proférées par des leaders, dans le débat politique, Alioune Sall affirme que c’est l’apanage de ceux qui n’ont pas d’arguments à opposer à leurs adversaires. «Dans un débat, celui qui insulte, pleure ou frappe le premier, manque d’argument. Quand on t’appelle dans un débat, donne des arguments, parle de ce qui peut servir les gens. Mais s‘attarder sur le port vestimentaire de l’autre, à quoi cela peut nous servir ? », soutient l’Imam. Qui rappelle que même Dieu, qui est pourtant omnipotent, omniscient… a accepté de débattre avec Son adversaire Satan, à travers le Coran. «Dieu avec tout Son pouvoir et malgré tout ce que Satan a fait (de mauvais), a tout rapporté dans le Coran. C’est parce qu’Il aime le débat. C’est son adversaire, mais il a rapporté tous ses propos. Il lui a dit : on va partager un débat dans un médium, le Coran. Je vais te laisser dire tout ce que tu as à dire, je ne vais pas le censurer. Ce que tu vas dire, je vais le rapporter aux gens. Moi aussi, je vais leur dire ce que j’ai à dire. Après, ce sera à eux de choisir», raconte-t-il. Et de conclure en invitant les hommes politiques à avoir la même posture. «Les hommes politiques doivent oser débattre, mais insulter par ci et par là, ce n’est pas bon. On n’a jamais vu où Dieu a insulté Satan. Il se contente de dire : voilà ce que Satan a dit, et voilà moi ce que j’ai dit», enseigne-t-il.
Les Echos