En Afrique, le lion n’évolue plus que dans 15 % de ce qui était autrefois son territoire tout entier. Le chiffre est encore plus alarmant si on le ramène à l’Afrique de l’Ouest où la situation est la plus critique. Des chercheurs ont ainsi mené une étude sur six ans et onze pays de la région.
Les résultats sont aussi édifiants qu’inquiétants. Les lions ne sont plus présents que dans cinq de ces pays : Sénégal, Nigéria, Bénin, Niger et Burkina Faso. Cette zone de présence de 49 000 km² ne représente de 1,1 % de la zone historiquement habitée par le lion d’Afrique (Panthera leo leo). Les chercheurs se sont concentrés sur les 21 zones protégées pour la conservation de l’espèce. Là encore, surprise : si 21 zones sont officiellement considérées comme habitat protégé pour les lions, la plupart sont inexistantes dans la pratique. Aucun budget n’y est alloué, aucune gestion n’en est faite et il n’existe aucun personnel ou patrouille pour encadrer ces zones dans lesquelles on ne trouve d’ailleurs pratiquement plus de grands félins.
En 2014, on ne comptabilisait plus que 406 individus dans la région de l’Afrique de l’Ouest. « Les lions d’Afrique de l’Ouest ont des séquences génétiques uniques, que l’on ne trouve pas chez d’autres lions, à l’est du continent, dans les zoos ou en captivité, » explique Christine Breitenmoser, co-présidente du groupe sur les fauves de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Si nous perdons le lion en Afrique de l’Ouest, nous perdrons une population unique, adaptée localement et trouvée nulle part ailleurs. »
Si l’UICN avait déjà placé les lions d’Afrique au niveau « Vulnérable » sur la liste rouge des espèces en danger en 2004, elle a revu la situation en 2015 pour les lions d’Afrique de l’Ouest en les distinguant par une catégorie spéciale pour les classer « en danger critique d’extinction ».
Au-delà d’une déforestation massive de la savane, qui explique le déséquilibre des populations de lions entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’est et l’Afrique centrale, ce sont les revenus touristiques. L’Afrique australe et de l’Est étant à fort potentiel touristique, ces régions protègent les lions pour continuer d’attirer les touristes. L’Afrique de l’Ouest étant bien moins fréquentée, les lions valent bien plus d’argent quand ils sont morts.
Les dernières études montrent que d’ici 2035, la moitié de la population actuelle de lions aura disparu et qu’il n’en restera environ que 10 000 à l’état sauvage. Les lions d’Afrique suivent ainsi le même chemin que leurs cousins asiatiques, qui n’étaient déjà plus que 350 individus en 2014.
Nationalgeographic