CONTRIBUTION
Aucune outrance ne semble pouvoir l’arrêter. Plus aucune espèce de limite à sa grossièreté. Cet homme est en train de tout simplement exploser toutes les digues de la décence. Sa dernière saillie imbibée de vulgarités taxant Ousmane Sonko de «batard qui mérite la mort» charrie de forts relents d’égout. Et c’est tout le Sénégal qui éprouve encore un fort sentiment de dégout et de nausée après la logorrhée haineuse et ordurière devenue la marque de fabrique de Moustapha Cissé Lô. On le savait meilleur que dans le pire. Mais aller aussi loin dans les profondeurs de basse fosse en s’attaquant aussi outrancièrement et outrageusement à Ousmane Sonko, le déshonorable député a franchi cette ligne rouge qu’aucune adversité ne saurait justifier. Oui. Rien, absolument rien ne justifie qu’on s’attaque aussi violemment à l’honneur d’un homme. Parce que la violence commence toujours par les mots, les outrances verbales de Cissé Lô contre Sonko sonnent comme une mise à prix de la tête du président de Pastef.
Lorsqu’il s’est agi de condamner les propos malheureux et condamnables d’Ousmane Sonko sur une certaine classe dirigeante, tout ce que la majorité présidentielle compte d’éminences grises ont réquisitionné micros et caméras pour pilonner le patron de «Patriotes». Un véritable état de siège médiatique qui aura duré 48 heures, avec un feu nourri et continu contre Sonko devenu, à lui tout seul, le tourment de toute la République. Mais pour condamner le torrent d’ignominies et les méthodes de voyou de Cissé Lô, il n’y a plus personne, plus aucune indignation. Rien qu’un silence complaisant, voire complice.
Le chef de l’Etat ne peut avoir plus belle occasion de faire justement parler son sens de l’Etat en se démarquant publiquement de son encombrant allié et en actionnant le bouton silence d’urgence avant que la bombe MCL ne lui explose en pleine figure. Il est plus qu’impératif pour Macky Sall de faire taire Moustapha Cissé Lô, le tocsin de la honte et du naufrage d’une certaine idée de la République. La question légitime que les Sénégalais sont en droit de se poser est celle-ci : comment le chef de l’Etat a-t-il pu jeter un tel opprobre sur le Sénégal en envoyant un homme qui roule si dangereusement en contre sens de la République, dans une institution aussi prestigieuse que la Cedeao ?
L’extrême fragilité politique du président Sall en cette quasi veille d’élection, ne lui permet pas d’aller jusqu’à la séparation de corps avec Cissé Lô. Comme dans un couple obligé de rester ensemble à cause des enfants, Macky Sall n’a pas aujourd’hui les moyens politiques d’un bras de fer avec ce compagnon toxique et volcanique. Moustapha Cissé Lô, symbole triomphant et achevé de la médiocrité de notre classe politique, n’en est pas à son premier dérapage. Cet homme dont l’injure arrive si vite à la bouche sans même passer par la case neurone, a été tout au long de sa carrière, un adepte du langage ordurier. Mais là, il a totalement dépassé les bornes. Au delà de leur obscénité, les propos de Cissé Lô contre Sonko pourraient bien avoir des conséquences sur le candidat Sall. On n’est jamais mieux fragilisé que par les siens.
Malick SY
Journaliste