Le processus d’attribution de la concession de l’eau terminé depuis le mois de juin, le ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye, met le verdict sous le coude.
A deux mois de la fin du bail de l’actuel marchant de flotte, cela nourrit des suspicions chez la Sde qui s’est fendue d’une déclaration pour interpeller les autorités en charge du sous-secteur de l’Hydraulique urbaine. Cette frousse des autorités à donner le verdict dans un appel d’offres international inquiète des bailleurs et constitue un mauvais signal pour les investisseurs étrangers.
A quel jeu joue l’Etat ? Comme si les résultats de l’appel d’offres international pour la concession de l’eau n’arrangent pas les autorités du secteur, l’Etat les met encore sous le coude et crée un flou dommageable aux populations qui peinent à apercevoir une source pouvant permettre d’étancher leur soif. En effet, sans le moindre complexe, le ministère en charge de l’Hydraulique s’est assis sur les résultats de l’appel d’offres international pour la sélection d’un marchand d’eau.
Le processus lancé depuis près de deux ans est arrivé à son terme depuis plus de six mois. La Direction centrale des marchés publics (Dcmp) et l’Autorité de régulation des marchés publics (Amp) ont fini leur travail et constaté le vainqueur. Mais, juste par le fait du prince, on retarde tout. Ce qui commence à nourrir et entretenir des rumeurs et suspicions graves de manigances pour faire gagner ou perdre quelqu’un.
Las d’attendre d’être édifiée, la Sénégalaise des eaux (Sde) dont le contrat arrive à expiration dans un peu plus de deux mois a fini par sortir de ses gonds. En effet, elle dit n’avoir aucune visibilité sur son avenir dans le sous-secteur de l’hydraulique urbaine au Sénégal. Cela, malgré l’offre technique et financière de qualité qu’elle a soumise aux autorités dans le processus de pré-qualification et d’appel d’offres pour la gestion et l’exploitation du sous-secteur de l’hydraulique urbaine. Une compétition où elle faisait face à deux autres entreprises françaises, Suez et Veolia. Après la phase de pré-qualification et celle de qualification technique qui auront permis de retenir et de valider les offres des trois entreprises concurrentes et conformément au dossier d’appel d’offres, les offres financières, qui devaient permettre la sélection du nouvel opérateur, ont été ouvertes le 1er juin dernier. Et, selon le Conseil d’administration de la Sde qui s’est rebiffé à travers une déclaration, hier, l’autorité en charge du dossier avait publiquement révélé que l’actuel distributeur avait proposé l’offre financière ayant le meilleur prix. «Depuis lors, près de 5 mois se sont écoulés sans que l’adjudication provisoire n’ait été prononcée. Cette attente anormale et inédite en matière d’appels d’offres a des conséquences négatives sur le fonctionnement de la Sde et la visibilité du sous-secteur de l’hydraulique urbaine», relève les administrateurs de la Sde dans leur déclaration lue devant la presse par le Directeur général de la boite Abdoul Baal. Qui signale que le contrat d’affermage arrivant à terme le 31 décembre prochain, la Sde se retrouve dans une situation d’incertitudes dont l’impact a des conséquences directes sur la gestion au quotidien de l’entreprise. «Un processus dont la longueur est inhabituelle ne peut qu’alimenter des suspicions et supputations dommageables à la stabilité et au développement d’un sous-secteur dont le modèle est une référence grâce à ses remarquables performances», relève-t-il.
Mauvais signal à l’investissement
Face à ce jeu trouble des autorités de tutelle, les partenaires financiers du Sénégal comme la Banque mondiale, l’Afd, le Fmi, la Bid, sont en train d’être saisis par l’actuel distributeur de flotte au Sénégal, selon nos sources. Cela, pour vilipender ces pratiques indignes d’un Etat sérieux qui veut drainer des investissements directs étrangers. Et cela risque d’être un très mauvais signal à l’investissement et le Doing business pour lequel le pays multiplie les réformes pour décrocher un bon rang mais reste en queue de peloton, d’autres économies faisant mieux sur des critères autres que la stabilité. Car, à côté de ce facteur essentiel, l’environnement juridique et judicaire est décisif pour les bailleurs de fonds. Car, dans une économie qui se veut émergente, c’est souvent au règne impersonnel de la loi qu’on assiste. Mais on ne doit pas, pour le bon plaisir d’un Mansour Faye pousser des concurrents à un appel d’offres international de surcroit à flairer une connivence ou des deals. Des combinaisons pour sans doute tenter de déboucher les tuyaux et arroser un favori sont vues par les investisseurs comme un fait arbitraire qui ne garantie pas la sécurité de leur business dans le pays où on les drague pour la Phase II du Plan Sénégal émergent (Pse). Pour de vrais investisseurs, c’est un signal très négatif qui les détourne d’un pays pour y voir arriver de véritables aventuriers qui viennent se faire des affaires avec des complices dans le système.
Rappelons que sur les neuf candidats en lice au départ, la commission des marchés en avait retenu trois, l’actuel gérant Sde et deux autres entreprises françaises (Suez et Veolia). Et de ces qualifiés que l’offre financière devait départager, l’actuel distributeur de flotte aurait formulé la meilleure offre financière. Ce qui avait poussé certains à le donner vainqueur avant que le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ne fasse illico-presto un communiqué de presse pour démentir cette information et de donner rendez-vous au 30 juin pour l’annonce de l’adjudicataire de ce juteux marché tellement convoitée. Mais depuis lors, il s’est emmuré dans un silence assourdissant. Et on imagine que si ce sont les Français qui avaient gagné, le pouvoir se serait empressé de l’annoncer.
Seyni DIOP