Le Forum civil ne compte plus laisser notre pays entre les mains de gouvernants qui pillent les biens du pays. Concernant la question de la lutte contre le blanchiment des capitaux, qui est devenu un phénomène récurrent au Sénégal, le Forum civil entend mettre à contribution les journalistes afin de mettre un terme à ce fléau.. C’est dans ce cadre que vendredi et samedi derniers, une session de renforcement de capacités des journalistes sur ce fléau a été tenue pour mieux les encadrer dans l’investigation. Le coordonnateur général du forum civil, Birahim Seck, a attiré à cette occasion l’attention des Sénégalais sur le fait qu’il y a beaucoup d’autorités de notre qui disposent de sociétés écrans pour capter les ressources publiques.
Le blanchiment de capitaux au Sénégal est une réalité au plus haut niveau de la République. Ce sont des personnes censées protéger ou combattre le blanchiment de capitaux, qui, malheureusement, sont au cœur de ce phénomène nuisible pour le développement du pays. Lors de la session de renforcement de capacités des journalistes sur la lutte contre le blanchiment de capitaux, le coordonnateur général du Forum civil n’a pas manqué de révéler au grand public qu’il existe des ministres et autres personnalités de la République qui disposent de sociétés écrans et qui gagnent des marchés dans le pays. Une chose tout à fait anormale. « Au Sénégal, on a des gouvernants qui disposent de sociétés qui gagnent des marchés. On a aussi des entreprises de personnes qui sont autour de l’Etat qui bénéficient financièrement et économiquement de retombées d’entreprises qui bénéficient des marchés au niveau du Sénégal. C’est un conflit d’intérêts doublé de trafic d’influence. Parce que si ce n’était pas leur positionnement dans la sphère étatique, ces personnes et leurs sociétés n’auraient pas bénéficié de ces avantages. Donc, il y a une rupture d’égalité face aux ressources publiques », a soutenu M. Seck. Par ailleurs, le coordonnateur a rappelé l’affaire de Panama papers qui a été l’un des grands scandales découverts par des journalistes d’investigations ces dix dernières années. « Souvent, ce sont des montages financiers qui sont effectués parle biais des sociétés. Et on se rend compte qu’au niveau international, dans les paradis fiscaux, on ne connait pas les propriétaires réels de ces sociétés. Ce sont des sociétés écrans qui sont créées. Donc, ce sont des milliards et des milliards de dollars qui sont perdus par les Etats par le biais de ce qu’on appelle l’optimisation fiscale », explique-t-il. A cet effet, le conseiller économique, social et environnemental souligne qu’il y a beaucoup de sociétés qui sont créées dans les paradis fiscaux juste pour échapper aux impôts de leur pays d’origine. Aujourd’hui, pour que le Sénégal puisse échapper à ce banditisme de blanchiment de capitaux surtout en cette période de découvertes de l’or noir et du gaz, le coordonnateur général du Forum civil soutient qu’il est important que les entreprises, qui sont dans le milieu extractif, puissent divulguer leurs propriétaires réels. Conséquemment, selon le Forum civil, la question de la lutte contre le blanchiment de capitaux constitue un des défis majeurs des Etats pour assoir un développement durable et réduire la pauvreté.
Pis, ce blanchiment d’argent pouvant servir au financement du terrorisme, ce fléau devient alors une menace pour la paix et la sécurité des Etats. C’est pourquoi, M. Seck estime que l’un des piliers pour permettre aux populations de s’approprier cette affaire de blanchiment d’argent est le renforcement de capacités des journalistes afin de les emmener à faire des investigations surtout avec ces entreprises ou sociétés écrans(…). « Nous voulons que la divulgation de la propriété réelle soit étendue à l’ensemble des secteurs, soit dans le monde des finances, des banques, soit dans le monde des assurances ou agricole… Et c’est bien possible. L’intérêt pour nous, c’est que les journalistes puissent davantage s’intéresser aux questions de blanchiment d’argent. Car, derrière chaque infraction pénale, il y a également des motifs de blanchiment d’argent que ce soit la corruption, le vol, le détournement de deniers publics, la prise illégale d’intérêt, le trafic d’influence. Cela dit, aujourd’hui, toute la question est de savoir comment armer les populations, en particulier les journalistes, à aller dans le sens de permettre aux citoyens de comprendre les enjeux internationaux de la lutte contre le blanchiment d’argent ? », a expliqué M. Birahim Seck par rapport à l’importance de ce séminaire de renforcement des capacités des journalistes
« Au sein du gouvernement, il y a des personnes politiquement exposées qui disposent d’intérêts au niveau des sociétés »
Evoquant la notion de divulgation de la propriété réelle, il rappelle qu’il y a quelques mois, personne ne parlait de ça. Aujourd’hui, dit-il, le Forum civil ne veut plus que ce concept soit uniquement élitiste mais que l’ensemble des populations se l’approprie. Donc, le premier axe dans la stratégie de divulgation de cette notion est d’abord, fait-il savoir, de former les journalistes qui sont des canaux assez importants pour la sensibilisation et l’éducation des citoyens en matière de citoyenneté. « Nous, en tant que société civile, avons pour rôle d’alerter mais également de veiller. Notre rôle c’est d’essayer d’éveiller les consciences des Sénégalais sur ce manquement international. Car, on se rend compte qu’il y a au sein du gouvernement des personnes politiquement exposées qui disposent d’intérêts au niveau des sociétés ou bien des personnes qui sont autour de ces personnes politiquement exposées qui disposent d’intérêts dans ces sociétés », a-t-il révélé, une piste d’investigation sérieuse pour mettre un terme à ce volcontre les populations.
Avant de conclure : « Maintenant aujourd’hui, il faudra qu’on soit transparent. Et cette transparence voudrait qu’on sache exactement qui sont les véritables propriétaires de ces sociétés dans les domaines du pétrole, des mines, des service, des assurances, des finances ». Pour rappel, le séminaire a été riche en débats sur ces questions de divulgation de la propriété réelle et du blanchiment de capitaux. Le consultant de la Centif a fait un exposé sur le cadre juridique et institutionnel de la lutte contre le blanchiment de capitaux au Sénégal et aussi sur la présentation de la loi sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. La représentante de la Giaba a quant à elle abordé l’état de mise en œuvre des recommandations du rapport d’évaluation mutuelle du Sénégal. Le professeur Abdoulaye Sakho de l’Ucad n’a pas été du reste en faisant un brillant exposé sur le concept de propriété réelle dans la lutte contre les flux financiers illicites.
« Si dans le rapport de l’Ofnac, les dossiers du Coud, de Bictogo, Petrotim ne figurent pas, sachez que c’est un rapport de complaisance »
Le coordonnateur général du Forum civil, Birahim Seck, se veut clair sur le prochain rapport de l’Ofnac que tout le monde attend impatiemment. Selon lui, si celui-ci est publié et que les scandales des affaires Petrotim, Coud et Bictogo, n’y figurent pas, il faudra passe voiler la face, c’est que c’est un faux rapport. Autrement dit ,un rapport de complaisance.«Que l’Ofnac transmette un rapport au président de la République, c’est son droit. Mais le droit pour nous, en tant qu’organisation de la société civile, c’est que des dossiers aussi importants que Petrotim doivent figurer dans le rapport de l’Ofnac. Pour nous, également, le dossier de la seconde phase d’enquête concernant le Coud doit figurer dans le rapport de l’Ofnac. L’affaire Bictogo où il y a une indemnisation à hauteur de 12ou13milliards et d’autres parlent même de 20 milliards doit figurer dans ce rapport. y a un rapport de l’Ofnac dans lequel on ne voit pas ces différents dossiers, pour nous, il n’y a pas de rapport. Pour nous, ce rapport reste un rapport de complaisance»,soutient M. Seck sans ciller. En tout cas, l’opinion attend avec impatience la divulgation de ce rapport!
Le Témoin – Seneplus