CONTRIBUTION
A quelques encablures du premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019 et au moment où les états-majors politiques s’activent à la recherche de parrains pour leurs éventuels candidats, le ton monte dans le landerneau politique. Tous les acteurs sont sur le terrain et le gouvernement essaie tant bien que mal de convaincre les populations de vos multiples réalisations. A cette étape, à l’instar des années 2000 et 2012, c’est l’effervescence aussi bien dans les permanences politiques que dans les administrations. Mais cette fois-ci, l’enjeu est sans commune mesure, car vous sollicitez de nos compatriotes un deuxième mandat au moment où vous gardez l’âge et la volonté de projeter notre cher Sénégal vers l’émergence économique à l’horizon 2035. Les récentes découvertes de gisements de pétrole et de gaz au large de nos côtes, permettent de rêver d’une réalisation effective et rapide de cet objectif.
J’ai du respect pour tous vos adversaires déclarés ou en voie de l’être en direction de cette importante joute électorale qui pointe. Néanmoins, je reste convaincu que vos véritables adversaires sont à chercher dans les défis récurrents depuis notre indépendance et que les régimes successifs ont négligés, les conduisant inéluctablement vers leur déchéance. Ces défis sont certes énormes pour nos pays à faibles ressources, mais une gestion sobre et vertueuse, comme énoncé dans votre programme de campagne en 2012, le «Yonou Yokkouté», reste la porte d’entrée pour les relever.
Cependant, la dure réalité de la vie quotidienne du Sénégalais exige une meilleure prise en charge de ses préoccupations les plus élémentaires et les plus prégnantes par l’application d’une justice sociale basée sur une politique d’inclusion et de solidarité nationale. Malheureusement, de plus en plus, des voix s’élèvent d’autorité pour vous faire croire que tout va bien, avec le début d’exécution des certains programmes phares comme le Pudc, la construction de l’autoroute Ila Touba, le chantier du Ter entre autres, la réception de l’arène nationale et du complexe sportif Dakar Aréna, etc. Cependant, il faut compter avec le malaise ambiant chez beaucoup de nos compatriotes déçus par l’arrogance et la suffisance de certains de nos dirigeants et surtout par l’exclusion d’une bonne frange de la population dans les villes comme dans les campagnes.
Les tournées du médiateur de la République et ses récentes sorties appelant à plus de profondeur dans les actions en faveur des populations, notamment de l’intérieur du pays, devraient plutôt participer à plus de présence et d’engagement auprès d’elles et non soulever l’ire des uns et des autres. Cette démarche de proximité et cette approche proactive, sources d’informations fiables et authentiques, doivent être érigées en règle dans toutes les institutions ou administrations pour rassurer et accompagner sans relâche nos braves populations qui attendent de mieux vivre depuis 58 ans.
A l’heure de l’émergence et des nouveaux droits dédiés au citoyen, quelle que soit sa situation géographique sur le territoire national ou à l’étranger, les belles initiatives du médiateur de la République, Me Alioune Badara Cissé, sont saluées et encouragées par les populations requérantes ou visitées au plus profond des terroirs. Celles-ci applaudissent des deux mains et accueillent leur «Ombudsman» avec soulagement et fierté. Elles nourrissent surtout l’espoir que le médiateur soit le relais de leurs nombreuses préoccupations. Ce qui n’est peut-être pas pour plaire à l’énoncé, mais qui permet de mesurer les vraies attentes et les fortes espérances placées dans les plus hautes autorités de ce pays, notamment dans vos actions, Excellence, Monsieur le Président. Le médiateur de la République, par ses rapports circonstanciés, ne serait-il pas un indice de perception de la frustration du citoyen ? Certainement. Les félicitations et encouragements que vous lui avez adressés à l’occasion du dépôt de ses rapports annuels, le lundi 27 août 2018, ne sont-ils pas illustratifs de l’excellent travail effectué à mi-mandat ? Sûrement.
Excellence, Monsieur le Président de la République, ne disiez-vous pas, lors de cette audience, que «la Médiature est une réponse pertinente à l’impératif de protéger le citoyen usager ainsi que les entreprises privées des dysfonctionnements des services de l’Etat» ? N’avez-vous pas salué la nouvelle dynamique que ABC vient d’insuffler à cette institution ? Assurément. C’est dire que le chemin vous est bien balisé par un compagnon courageux et véridique, contrairement à ceux qui pensent que le défenseur des droits doit être muselé ou tout simplement révoqué. Excellence, Monsieur le Président de la République, ABC reste la solution pour l’instauration et la préservation de relations apaisées entre gouvernés et gouvernants de notre cher Sénégal.
Mbagnick DIOUF
Responsable Apr Nord Saint-Louis