Les maladies des yeux prennent plus en plus de l’ampleur au Sénégal. Selon Dr Mouctar Dieng Badiane, coordonnateur du programme national de la promotion de la santé oculaire, 35 à 50 mille aveugles sont dénombrés chaque année dans notre pays. Actuellement, le nombre d’aveugles est estimé à 165 mille et les mal voyants à 555 mille personnes.
Les chiffres sont alarmants et font froid dans le dos. La cataracte et le trachome montent en flèche au Sénégal. Ces pathologies constituent, aujourd’hui, un problème de santé publique dans notre pays. La prévalence est de 1,4 % avec 165 mille aveugles et 555 mille mal voyants au total. A en croire, Dr Mouctar Dieng Badiane, coordonnateur du Programme national de la promotion de la santé oculaire, la cataracte est la première cause de la cécité. Elle est souvent d’origine génitale, comme la trisomie. Elle peut être aussi due à un vieillissement du cristallin. «Aujourd’hui, nous dénombrons 35 mille à 50 mille aveugles par an, soit un gap de plus de 26 nouveaux cas après la chirurgie. Quatre aveugles sur cinq sont handicapés», lance Dr Badiane qui faisait face à la presse, hier, en prélude à la Journée mondiale de la vue qui sera célébrée le 11 octobre prochain à travers le monde.
Poursuivant, ce dernier révèle que le trachome, dû à une infection oculaire par une bactérie, est le 2ème facteur de risque de la cécité. Cette maladie entraine 25 mille aveugles au Sénégal par an. Et plus de 91 mille personnes sont porteuses du virus du trachome. Le spécialiste soutient que le poids de la cécité est très lourd sur le plan socio-économique dans la mesure où 8 cas sur 10, environ plus de 90 % des cas de cécité pouvaient être évités ou traités. Il trouve que, malgré les 63 centres de santé oculaires existants, beaucoup de défis restent à relever. Lesquels sont liés, dit-il, à la décentralisation des postes de traitement des malades, l’insuffisance des ophtalmologistes qui sont au nombre de 63 soit en moyenne 1 spécialiste sur 242 164 habitants. «Les ophtalmologistes sont mal répartis. Aujourd’hui, 52 d’entre eux travaillent à Dakar et 30 % des centres se trouvent dans la capitale. Nous lançons un plaidoyer aux autorités pour que ces centres soient élargis dans les régions périphériques. Il faut un recrutement massif de spécialistes. Parfois, les soins peuvent être disponibles mais ils ne sont pas accessibles aux patients», regrette-t-il.
D’après lui, pour le cas du trachome, les régions de Thiès, Louga et Diourbel paient le plus lourd tribut où on note plus de personnes atteintes de la maladie.
Attention aux tradipraticiens et aux lunettes de la rue !
L’ophtalmologiste a tenu aussi à attirer l’attention des populations sur les dangers liés aux consultations chez les tradipraticiens et les lunettes correctrices vendues dans la rue. «Nous entendons chaque jour des publicités mensongères de gens qui prétendent guérir le cataracte ou la cécité. Je précise que seule la technique chirurgicale peut guérir la cataracte ou la cécité. D’ailleurs, même ceux qui se disent guérisseurs de ces maladies viennent se soigner chez nous. Ce qui montre qu’ils ne croient même pas à ce qu’ils disent», souligne-t-il. Dr Badiane conseille de consulter un ophtalmologiste avant de porter des lunettes correctrices. Il reconnait que beaucoup de campagnes de communication et de sensibilisation ont été menées sur le terrain. Malgré tout, les populations continuent toujours de fréquenter les tradipraticiens. D’où la nécessité de repenser le contenu de la communication.
Les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) montrent que 253 millions de personnes souffrent de déficience visuelle et de baisse de la vision dans le monde. Pis, 36 millions d’entre elles sont aveugles et 80 % de ces cas sont évitables ou curables. Et 90 % des cas de cécité sont abrités par des pays pauvres ou en voie de développement. Selon toujours les données disponibles, toutes les minutes, un enfant devient aveugle dans le monde.
Samba BARRY