(Correspondance) – Dans les lycées et collèges de Démette, Sinthiou Dangdé, Dara Alaybé, Pathé Gallo ou encore Boki, il faut attendre encore un mois, voire plus, pour que la rentrée scolaire devienne effective, dans ces différents établissements scolaires.
L’ouverture des classes est déjà effective depuis le 2 octobre pour le personnel enseignant. Mais à ce jour, il n’y a point de professeurs dans les écoles, dans cette partie enclavée du pays. En effet, le seul lycée ou nous avons constaté la présence du proviseur et du censeur, c’est à Démette. Mamadou Aly Mbaye et Mouhamadou Diouf sont les seuls et uniques responsables du lycée trouvé dans la cour. Interpellé sur l’absence de son personnel et des élèves qui ont ouvert les classes depuis hier, le proviseur du lycée de Démette, très en colère, répond : «Dans le lycée que je dirige en tant que proviseur, aucun des 16 enseignants qui servent ici ne sont présents». Et Mamadou Aly Mbaye de renseigner qu’il n’a aucune nouvelle de ses enseignants. «Personne d’entre eux ne m’a appelé pour me donner les raisons de son absence. Il n’est pas normal que le censeur qui a quitté Dakar et qui a parcouru plus de 800 kilomètres et traversé deux bras du fleuve soit là dès le 1er jour de la rentrée, alors que les enseignants qui sont de la zone, ne soient pas présents et ne font aucun signe de vie», déplore-t-il.
Chez les élèves, la situation est encore pire fait savoir le proviseur du lycée de Démette. Selon toujours notre interlocuteur, plus de 80 % des potaches sont absents de l’établissement. Et de préciser que les rares élèves qui déambulent dans la cour sont des gens qui sont venus soit pour récupérer leurs bulletins, ou qui sont passés pour régulariser leur transfert vers d’autres établissements.
La situation qui prévaut au lycée de Démette est pire que celle constatée dans d’autres lycées et collèges visités. C’est le cas des établissements scolaires tels que Pathé Gallo, Dara Alaybé, Sinthiou Dangdé ou au niveau du collège de Boki. Ici, on a même l’impression que les gens ne sont pas au courant que l’école a déjà ouvert ses portes. Des écoles fermées, des portes et fenêtres détruites, des cours complétement envahies par l’herbe qui continue de pousser comme des champignons ou qui sont parfois pris d’assaut par des animaux qui y ont élu domicile, des toilettes défectueuses… C’est ce constat amer fait sur place pendant notre visite dans la quasi-totalité des écoles parcourues.
Mais à quand le début exact des cours dans les écoles situées dans l’île à morphil ? Le proviseur du lycée de Démette tente d’y répondre : «En tout cas, il faudrait d’abord compter avec la descente des eaux de crue d’ici un mois. Car tant que l’eau est là, c’est une raison pour certains de dire qu’ils ne peuvent pas accéder dans la zone à leurs risques et périls. Surtout qu’il faudrait emprunter deux cours d’eau pour arriver à destination. Mais l’enclavement de la zone ne doit être, ni un obstacle encore moins une raison fondée pour justifier le prolongement des vacances chez les enseignants que chez les élèves lance le proviseur du lycée de Démette».
En tout état de cause, le début des cours n’est pas pour un mois dans cette partie du Sénégal. C’est du moins la conviction de certains parents d’élèves qui ont même eu le courage de nous confirmer qu’ils ne sont pas encore prêts de laisser leurs enfants aller étudier. Ce, compte tenu du fait que leurs enfants les aident dans les travaux champêtres. Ce qui contribue davantage à la déperdition scolaire déjà légendaire dans le Fouta.
Abou KANE