Que de conséquences qui découlent de la grève de trois jours décrétée par le Syndicat des travailleurs de la Justice (SYTJUST) ! Les experts évaluent la perte, pour l’Etat du Sénégal, à 30 milliards F CFA par jour de grève. Un exemple suffit.
Alors qu’il devait statuer sur des affaires de haute portée économique et financière, le Tribunal du commerce a renvoyé, hier lundi 1er octobre 2018, tout son rôle à la semaine prochaine. «Les grèves récurrentes auront un impact néfaste sur l’environnement des affaires. Et à la longue, cela impactera négativement au classement du Sénégal dans le Doing business», confie-t-on. Le prolongement de la détention des prisonniers est l’autre effet collatéral de la grève dans la justice. Ce qui rappelle la sanglante mutinerie du 20 septembre 2016 qui était partie d’une annonce de la grève des greffiers, laquelle avait poussé les détenus à la révolte ayant conduit à la mort restée impunie d’Ibrahima Mbow Fall.
Le sentiment des travailleurs, est que le ministre de la Justice, Ismaïla Madior FALL, a une vision élitiste de la justice qu’il résume aux magistrats et aux avocats. On reproche également au Garde des Sceaux de ne pas accorder trop d’importance aux autres acteurs du secteur. «Sans le savoir, le gouvernement est en train de pousser le SYTJUST vers une radicalisation qui fera que les travailleurs vont se battre avec l’énergie du désespoir», grogne un travailleur anonyme. Qui juge que la Chancellerie «doit accorder l’attention qui sied à chaque catégorie d’acteur».
Pape NDIAYE