Face à la situation que traversent les médias sénégalais, certains ont fini par s’indigner pour parler de «stratégie de pourrissement».
Ces complaintes ont été lancées, hier, en marge de la journée de mobilisation syndicale, initiée par le Synpics. Qui a associé la cause des travailleurs de l’Aps, aussi touchée par la crise qui frappe le secteur de la presse.
La presse sénégalaise a encore donné de la voix. Ils ont été nombreux à mettre à l’index une stratégie pourrissement de la presse. C’était à l’occasion de la journée de soutien des confrères du service public, inscrit dans le cadre de la journée de mobilisation syndicale, initiée par le Synpics. «On assiste à une stratégie de pourrissement », crache Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel), venu soutenir les confrères de l’Aps, en mouvement de grève depuis quelques jours. Pour parer cette situation, M. Faye préconise «un plan national pour la presse». Soutenant davantage le sentiment de laxisme M. Faye fait, par exemple, remarquer que le Code de la presse n’avance pas à cause du retard du décret d’application à signer. Ibrahima Lissa Faye ne fait dans la langue de bois pour cracher son amertume face à la situation de la presse. «Le gouvernement fait la sourde oreille». Une posture qui fait que jusque-là les entreprises de presse ont mis «la clé sous le paillasson». Et les risques ne cessent de planer sur les médias.
Embouchant la même trompette pour s’indigner de l’attitude des autorités, Lucky Patrick Mendy de la Rts déplore qu’on ait «un gouvernement qui a comme stratégie le pourrissement». Pour lui, il s’agit de poser des actes, pas d’accélérer, face au problème des médias. En effet, le chef de l’Etat avait demandé en janvier dernier d’accélérer la modernisation de l’Aps que les travailleurs revendiquent. Il plaide aussi pour un financement correct du service public. Cela ne devrait être possible que si les décrets sont signés pour que cela impacte sur le code de la presse, confie une source.
La stratégie de pourrissement que dénoncent les hommes de média est, en outre, confirmée par la complainte des travailleurs de l’Aps. Soulignant quelques décrets, ils attendent une suite des instructions données par le président de la République depuis le mois de janvier non sans mener des actions de protestation. Après 96 heures de grève, décrétées deux fois de suite, ils sont actuellement de décompter les 48 heures renouvelables. Selon Bamba Kassé, ils en sont au troisième niveau de leur plan d’action. D’après M. Kassé, l’Aps est régi par le statut d’Etablissement public à caractère industriel et commercial (Epic) qui a pour but la gestion d’un service public qui lui impose des contraintes commerciales avec un mode de gestion qui exclu l’Etat du Conseil d’administration. De l’avis, leur organe est dans une situation de déliquescence après 60 ans. C’est la raison pour laquelle ils ont opté pour un plan de lutte. M. Kassé a par ailleurs plaidé pour une lettre de politique sectorielle comme feuille de route. Cela sans révéler que le problème est aussi interne. En attendant, il rappelle que 40 personnes sont en position de déflatées. Et «personne n’a bougé», s’indigne M. Kassé qui déplore un manque de considération.
Président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse au Sénégal (Cdeps), Mamoudou Kane considère pour sa part que la politique de communication n’existe pas. C’est pour cela que l’Aps dépérit. Un dépérissement et un pourrissement qu’il faut éviter d’après Mamadou Thior, chargé de communication du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored). Pour lui, «il faut une forte presse pour qu’elle puisse bien faire son travail».
Emile DASYLVA