Les multinationales ne sont pas des bons élèves en matière de respect des droits de l’Homme dans le cadre de leurs activités dans leurs pays d’accueil en Afrique. C’est le constat fait, hier, à Dakar, lors d’une conférence sur le thème : «La protection internationale des droits de l’homme face aux multinationales».
En plus de bénéficier de beaucoup d’avantages sous la complicité des chefs d’Etats africains au détriment des nationaux, les entreprises étrangères font fi du respect des droits de l’Homme dans leurs pays d’accueil. Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice fait constater que de façon générale les entreprises internationales ou transnationales sont considérées comme des multinationales très puissantes face aux États. Ce qui fait dit-il, elles foulent aux pieds les droits humains. Dans ce contexte poursuit le Garde des Sceaux, il est important de réfléchir sur comment faire face. Pour que ces entreprises étrangères soient contraintes à revenir à la raison dans leurs pays d’intervention où il y a souvent des matières premières. «Il y a beaucoup de réponses qui ont été fournies par le droit international des droits de l’Homme. Il y a des principes qui ont été décrétés dans le cadre de l’Ocde notamment, dans le cadre des Nations unies, dans le cadre du conseil des droits de l’Homme. Mais au regard de cela, l’obligation de l’Etat de protéger, de règlementer, de prévenir, de sauvegarder les droits humains face aux entreprises étrangères relève du déclaratoire et du recommandatoire. Autrement dit ce ne sont pas des obligations qu’on impose à ces entreprises, ce sont des principes pour lesquels, on incite les entreprises à les respecter», lance-t-il.
Il s’exprimait, hier, en marge d’une conférence sur la protection des droits de l’homme face aux multinationales.
Selon lui, il y a beaucoup de progrès qui ont été faits dans le sens de la formulation de principes pour encadrer les multinationales et les amener au respect les droits humains. Mais on se rend compte que la plupart de ces principes ne sont pas encore contraignants. Car, ils comportent beaucoup de limites. D’après lui, les États doivent se doter des standards internationaux en matière de protection des droits humains. Et veiller aussi à leur donner des moyens importants pour faire face.
«C’est à l’État d’agir sur son territoire et de mettre des règles suffisantes pour que les entreprises qui sont présentes sur son territoire respectent les droits de l’Homme. Et que l’Etat puisse aussi entamer des poursuites en cas de violation des droits de l’Homme vis-à-vis de toutes les multinationales quelle que soit leur nationalité», indique-t-il.
Pour le ministre de la Justice, le pouvoir économique ne doit pas, aujourd’hui, empêcher aux États de traîner en justice toute entreprise étrangère qui viole les droits de l’Homme. «Et par peur de faire fuir les investisseurs, certains États ne jugent pas nécessaire de poursuivre ces multinationales. Mais cela ne doit pas être un prétexte. Ils doivent poser de tout leur poids pour que les pays occidentaux prennent leurs responsabilités et poursuivent les sociétés mères lors qu’elles profitent de la pauvreté dans les pays du sud pour s’implanter et commettre des violations des droits de l’Homme», suggère-t-elle. «Le respect des droits de l’Homme ne se décrète pas, il s’acquiert et se prouve par des textes, des politiques, par des moyens et par la création d’organismes compétents indépendants. Et qui disposent de moyens efficaces pour faire face à la violation des droits de l’Homme», ajoute El Hadji Malick Sow, président de Chambre et directeur du service de documentation et d’études de la Cour suprême.
Samba BARRY