La montée des eaux de crue a encore causé des dégâts dans le Fouta : le transport est coupé entre l’Ile à Morphil et les localités environnantes. Un calvaire qui perdure.
(Correspondance) – Après des siècles d’existence douloureuse, le calvaire des populations situées dans cette partie de l’Ile à Morphil ne fait qu’augmenter de jour en jour. En effet, depuis hier, le pont Weldé Bèye, situé à cinq kilomètres de Cas-Cas, vient de céder suite aux fortes eaux des crues, enregistrées ces derniers jours. Du coup, les populations situées dans l’Ile à Morphil, plus précisément dans l’arrondissement de Cas-Cas, sont coupées des autres populations. Ces insulaires, comme chaque année encore, devront attendre et resteront deux à trois mois sans voir la couleur d’un véhicule. Une véritable tragédie pour ces populations qui ne peuvent plus, depuis hier, sortir de la zone en passant par Madina Ndiatbé. Il est quasiment impossible et dangereux de vouloir passer par Madina Ndiatbé et espérer accéder dans l’Ile à Morphil. Car toutes les issues sont fermées à ce niveau. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, ce sont les piroguiers qui sont aux anges. Ces derniers, dès l’annonce de la rupture de ce pont, ont vite accouru pour installer leurs pirogues là où le sinistre s’est produit. Ce sont des dizaines de rotation et autres navettes que font ces piroguiers, pour permettre aux populations de se déplacer. Mais tout cela se fait aux risques et périls des nombreuses personnes qui utilisent ces embarcations de fortune qui n’ont aucune norme sécuritaire et souvent conduites par des gamins.
Pour le moment, même si les prix fixés par les piroguiers restent tout de même à la portée des populations, il n’en demeure pas moins que d’ici quelques jours, la situation de la traversée pourrait être pire. Car en lieu et place de 500 Frs Cfa proposés aux clients qui traversent, les années passées à la période du mois d’octobre, ceux qui empruntaient ces pirogues étaient obligés de casquer deux mille frs, rien que pour pouvoir traverser sur une distance qui ne fait même pas plus de 500 mètres.
Et l’autre conséquence de la montée de ces eaux de crue qui ont coupé l’Ile au reste du monde, c’est que les véhicules qui quittent désormais Dakar pour se rendre à Cas-Cas s’arrêteront à huit kilomètres après Madina Ndiatbé, pour ensuite utiliser des pirogues. Et l’endroit tend à devenir, comme chaque année, une petite bourgade. Car déjà, les piroguiers sont en train d’y installer leurs familles, avec des épouses munies de leurs marmites et autres approvisionnement. Sur les lieux, on aperçoit déjà des personnes en train faire du thé, et quelques jeunes y installaient leurs petites activités commerciales.
A cet endroit, on mène aussi des activités de pêche. Car ceux-là qui s’adonnent la pêche à ce niveau, permettent aux femmes installées avec leurs époux de pouvoir y faire la cuisine. Une situation qui arrange certes ces piroguiers, mais qui est devenue un véritable calvaire pour les voyageurs en partance vers ce chef-lieu d’arrondissement de Cas-Cas. «La seule issue pour aller dans l’Ile à Morphil, il faudrait faire un très long détour», lance Moussa Loum, président de l’Union des jeunesses sportives et culturelles de Cas-Cas. A Saldé où le radié submersible a été réhabilité, les voitures peuvent bien continuer à mener leurs activités, seulement sur un trajet long avec des pistes de productions pas achevées.
La situation difficile notée dans cette partie enclavée a tué, il y a de cela quatre jours, une dame du nom de Mary Tagourlé. Cette dame en grossesse, âgée de 22 ans et son bébé ont rendu l’âme, après avoir beaucoup saigné. «Faute de moyens de locomotion, Mari Tagourlé est morte entre le village de Saldé et Ngouye», renseigne M. Lom. Ce, au moment où la dame était en train d’être évacuée au district sanitaire de Pété.
Dénommé par certains natifs de la zone comme étant le «terroir des paradoxes», l’Ile à Morphil reste plus que jamais l’une des localités les plus enclavées de ce pays.
Abou KANE