Me Madické Niang et Me Abdoulaye Wade, deux hauts responsables du Parti démocratique sénégalais, (PDS, opposition) ont évité mercredi de répéter les ‘’erreurs de Maîtres’’ et signé sur le coup la paix des braves sur la brouille ébruitée depuis lundi et qui a mis sens dessus dessous le parti libéral.
« Soyez sûr que je considère, comme vous, que ce regrettable incident est derrière nous », a écrit Madické Niang, en réponse à la lettre publiée un peu plus tard dans la journée d’hier par Me Wade, secrétaire général du PDS et ex-président de la République (2000-2012), l’appelant ainsi à enterrer « ce qui ne doit plus être dans nos relations qu’un regrettable incident qui se situe maintenant derrière nous ».
L’incident a été justement causé par un échange de lettres, où le second a accusé d’entrée de jeu le président du groupe parlementaire du PDS (Liberté et Démocratie) d’être derrière la lettre lui demandant de trouver un « plan B » à la candidature à la présidentielle de 2019 de son fils, Karim.
Ce que Madické Niang a formellement réfuté, témoignant de passage sa « loyauté » et son « affection profonde » pour la personne d’Abdoulaye Wade, même s’il a eu à « penser à sortir (s)on Parti de l’impasse en proposant une candidature de recours en cas de nécessité ».
En revanche, certains observateurs ont vu dans cette tempête un mauvais signe pour l’avenir du premier parti d’opposition du Sénégal, notamment pour la prochaine échéance électorale.
D’autres par contre soutiennent que cet épisode sonne une « victoire décisive » de Wade contre tout plan B à la candidature déclarée de son fils. Comme le décrit ici l’ancien député Moustapha Diakhaté, membre du parti présidentiel (APR).
« Pour contrecarrer une autre éventuelle candidature libérale, le SGN (secrétaire général national) du Pds fait une pierre, plusieurs coups KO en utilisant la stratégie du bord du gouffre. En attaquant, en cognant et en gagnant à la Moustapha Guèye (ancienne gloire de la lutte sénégalaise) le tigre de Fass, l’ancien Président fracasse la possibilité de toute candidature autre que celle de Monsieur Karim Wade », a-t-il analysé sur sa page Facebook.
Cette stratégie de déstabilisation des propres leaders de son parti décrite par certains comme suscitée par le poids de l’âge du nonagénaire, estimant lui-même qu’il « réagi(t) spontanément sans détours », M. Diakhaté pense le contraire et soutient que « le vieux lion a encore de grands crocs pour faire reculer un adversaire et atteindre le résultat le plus avantageux ».
« Cerise sur le gâteau, il est aussi aidé en cela pour le parrainage qui rend impossible toute candidature spontanée », a-t-il ajouté.
Mardi soir, le lancement du parrainage du candidat déclaré Karim Wade a été effectué au siège du PDS, en l’absence de Madické Niang et des autres présumés signataires de la fameuse lettre adressée à Me Abdoulaye Wade.
Exilé au Qatar depuis son élargissement de prison, le candidat du PDS peine à s’inscrire sur les listes électorales à cause de sa condamnation de 6 ans dans l’affaire de la traque des biens mal acquis. Cette peine est à chaque fois évoquée par certains pour arguer qu’il a perdu de facto ses droits civiques.
Toutefois lors de la cérémonie de lancement de son parrainage, des responsables du PDS ont annoncé son retour imminent au Sénégal même si, contre son éventuel retour, le camp du pouvoir l’enjoint à payer l’amende de 138 milliards de FCFA prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) pour éviter de subir la contrainte par corps.
APANews