Niassanté se situe dans la région de Saint-Louis. Pour s’y rendre, il faut arpenter la route nationale n°2, rallier Richard-Toll, ville sucrière, et ensuite parcourir 33 km dans le Diéri, pour atteindre le village dans des conditions dantesques. Du fait de la piste argileuse parsemée de nids-de-poule qui permet d’y accéder. Ici, les populations ont soif, alors que le lac de Guiers, qui dessert Dakar et environs en eau potable, se trouve à quelques kilomètres.
Un paradoxe ! Le seul forage existant date des années 1960. ‘’Il nous sert de l’eau très salée, sans compter les pannes répétitives notées tout au long de l’année’’, renseigne Aby Bathily, étudiante à l’Ugb et native de Niassanté. Dépitée par la situation, elle s’en remet au Tout-Puissant et ne cesse de prier pour que les pluies s’abattent abondamment sur son village.
En effet, en cette période hivernale, les habitants se rabattent sur l’eau des mares, pour se rafraîchir et assurer les travaux domestiques. Dès que le ciel ouvre ses vannes, ces populations se précipitent sur ces lacs artificiels, ne laissant rien aux animaux.
‘’Nous sommes conscients des risques, mais nous n’avons pas d’autres solutions. Nous partageons cette eau avec les bêtes errantes’’, confient les habitants. Aby Bathily de souligner que ces derniers mois, beaucoup de personnes ont contracté une diarrhée et d’autres maladies gastriques, du fait de cette eau. Certains de ses concitoyens, dit-elle, sont hospitalisés au centre de santé. ‘’Nous méritons un minimum de respect, en tant que citoyens. Ceci est un très profond cri du cœur de toute une population frustrée par les dures conditions de vie’’, martèle Aby Bathily.
Après la saison des pluies, les populations s’orientent vers le vieux forage pour boire. ‘’Nous sommes très frustrés par ce calvaire que nous vivons depuis toujours’’, fulmine Thierno Sow. Ce dernier est d’avis que l’eau potable est le minimum pour les citoyens qu’ils sont.
Les populations en veulent aux autorités administratives
Dans cette partie de Dagana, on achète le bidon d’eau à 200 F Cfa l’unité. Clouant au pilori les pouvoirs publics, Thierno Sow pense qu’il est inconcevable que les hommes politiques mettent leurs pieds dans leur village. Et il pointe aussi un doigt accusateur sur les autorités administratives. ‘’Elles sont venues voir la situation, mais, hélas, on dirait qu’elles n’ont pas alerté leurs supérieurs’’, se désole-t-il. Déçus, les jeunes préviennent les responsables politiques de toute obédience et menacent de ne parrainer aucun candidat. Ils interpellent le régime actuel, notamment le chef de l’Etat. ‘’C’est lui qui a en main les rênes de ce pays. Et ses répondants qui sont dans le département n’ont jamais pensé à nous sortir de cette torpeur’’, déclarent ces jeunes, scrutant le ciel, dans l’attente d’un messie qui va venir à leur secours.
Les femmes de Niassanté ne sont pas en reste, étant en première ligne pour tout ce qui concerne les corvées domestiques. Elles font des kilomètres, bidons sur la tête ou bien elles montent sur des charrettes pour trouver ce liquide précieux. Toutefois, elles gardent l’espoir de voir un jour l’eau potable couler dans leur village.
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