(Correspondance) – Le Pape du Sopi, Maître Abdoulaye Wade est-il victime de manipulations au point de se méprendre sur les intentions réelles de son second à la tête du Pds, Me Madické Niang ?
L’aurait-il été que cela ne surprendrait pas le moins averti des observateurs de la scène politique sénégalaise tellement de telles pratiques, dans l’espace politique libéral sénégalais, relèvent du logiquement possible. Surtout quand on sait que sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais, a de tout temps fonctionné avec ses faucons et encagoulés qui ont toujours bien su cacher leurs jeux pour atteindre leurs objectifs. En effet, l’histoire a démontré que tous les seconds de Wade à la tête de cette dite formation politique ont fait long feu dans cette posture. De Fara Ndiaye, premier à occuper ce poste, à Marcelle Bassène en passant Boubacar Sall, Idrissa Seck et Macky Sall pour ne citer que ceux-là, tous ont chèrement payé leur proximité d’avec le Pape du Sopi. Il en est d’ailleurs de même pour tous ceux qui ont eu à siéger à ses côtés en qualité de chef du gouvernement. En atteste le nombre important de premiers ministres, six au total, que le Sénégal a connu durant les douze années de règne du président Abdoulaye. Un état de fait patent dont la constance est pour conforter cette perception d’un responsable libéral quand il disait que «Wade, c’est du feu. Qui l’étreint se brûle les doigts». Aussi se pose la question de savoir s’il n’y a pas dans son entourage immédiat des gens dont la mission est d’attiser ce feu. En tout état de cause, force est de reconnaître que c’est sous son magistère qu’est né, au sein du palais, le vocable «faucon» pour désigner des cagoulards tapis dans l’environnement immédiat du Président et qui se livrent à des missions peu orthodoxes.
Aussi et même s’il est quelque peu hasardeux de mettre en cause ces dits faucons dans les bisbilles qui opposent Wade à son second, Madické Niang, il demeure tout de même que les reproches du sopiste en chef, formulés à l’endroit de son actuel numéro 2, sont pour conforter les révélations de Pape Samba Mboup son ancien chef de cabinet. «Abdoulaye Wade est victime des gens de son entourage qui manœuvrent pour que Karim Wade ne revienne plus au Sénégal», avait-il dit lors d’un entretien qu’il avait accordé à WalfQuotidien. Mieux ou pis, le chef de cabinet avait poursuivi pour dire que le Pape du Sopi est manipulé par ceux qui dirigent actuellement le Pds. Ils savent que Karim Wade ne sera pas candidat en 2019 mais ils persistent à dire qu’il sera là, qu’il va venir pour que, au dernier moment, ils mettent le président Wade devant le fait accompli et se positionner comme le plan B. «Madické Niang vise plus haut qu’un président de groupe parlementaire. En contresignant le document portant exil de Karim Wade, il savait bien ce qu’il faisait. Il était en phase avec moi quand je suis allé chez lui pour lui parler du plan B. Il était d’accord avec moi mais il m’avait demandé de faire en sorte que personne ne sache que j’avais sa bénédiction. Madické a des ambitions mais, malheureusement, il n’a pas le courage de les dévoiler», avait-il laissé entendre.
Aujourd’hui, à quelques cinq mois de la présidentielle, les faits semblent donner raisons à Pape Samba Mboup puisque, sauf extraordinaire, Karim Wade ne sera pas candidat à cette joute présidentielle. Et, comme par hasard, une lettre signée par des responsables libéraux doutant de la candidature de Karim Wade atterrit sur la table du secrétaire général national, Wade-père. Lesquels signataires, sont reconnus par Madické Niang lui-même comme étant ses proches même s’il s’empresse de jurer par tous les dieux et Saints n’être mêlé ni de près ni de loin à l’initiative de Thiombane, auteur de la lettre et qu’il n’a pas, une seule fois, parlé avec lui de cette dite lettre. Mais ce sur quoi Madické Niang oublie de se prononcer, c’est le contenu de lettre confidentielle en date du 03 septembre dernier qu’il dit avoir adressée à son mentor. Car c’est, peut-être, dans le contenu de cette lettre qu’il faut chercher le pourquoi du refus de Wade de donner suite à cette correspondance mais aussi celui d’accorder à Madické une entrevue comme il l’avait souhaitée. En effet, quand Wade-père dit que, compte tenu de leurs relations, il était en droit de penser que Madické Niang n’aurait jamais choisi la forme du coup de poignard dans le dos, cela amène à réfléchir. Mais au-delà, ce que l’on pourrait, peut-être, retenir dans cette affaire, est que dans cette brouille entre Abdoulaye et son second, on a comme l’impression de vivre l’acte 2 de la dévolution monarchique qui a, il y a peu, animé le débat politique dans ce pays. Pour dire qu’un simple coup d’œil, sur le vécu du Pds et les relations entre Wade et ses anciens numéros 2, permet de se rendre que rien ne paraît inédit dans cette brouille entre le secrétaire général du Pds et son adjoint Madické Niang.
Sidy DIENG