C’est demain jeudi que la Cour suprême va statuer sur le pourvoi en cassation introduit par le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds). En attendant cela, Karim Wade disqualifie le président de la Cour suprême et compte internationaliser la lutte par la saisine des juridictions internationales.
La lutte contre le rejet de l’inscription sur les listes électorales de Karim Wade par les services du ministre de l’Intérieur va prendre une toute nouvelle tournure. Avant même que la Cour suprême ne livre son verdict, le candidat déclaré du Pds disqualifie le Premier président de la Cour suprême, le juge Badio Camara et compte saisir les juridictions internationales. Dans une déclaration rendue publique, le candidat déclaré du Pds estime qu’il n’a rien à attendre de cette Cour Suprême présidée par Badio Camara. Karim Wade trouve que ce dernier est devenue une «annexe du palais présidentiel», et qui, en aucune manière, ne décidera de son sort. Le candidat déclaré du Pds compte saisir toutes les juridictions internationales pour faire respecter ses droits fondamentaux et pour que «soient imposées à Macky Sall et à son clan son inscription sur les listes électorales et son éligibilité afin qu’ils soient balayés du pouvoir au soir du 24 février 2019». Dans le même ordre d’idées, Karim Wade interpelle les organisations des droits de l’Homme et les Ong de lutte contre la corruption puis alerte l’opinion publique et demande une enquête internationale indépendante sur l’origine de la fortune «démesurée de cette poignée de juges aux ordres qui est sans commune mesure avec celle de la majorité de leurs collègues magistrats».
«Installé par Macky Sall à la tête d’un petit clan de magistrats aux ordres qui ont transformé la justice en annexe du pouvoir exécutif, M. Badio Camara», estime Karim Wade, «a été maintenu à son poste alors qu’il devait partir à la retraite le 9 avril 2017, dans le seul but d’aider Macky Sall à se débarrasser des candidats qui font obstacle à sa tentative d’être réélu à la tête du Sénégal». Pour le fils de l’ancien président, «M. Badio Camara est au cœur du dispositif mis en place par Macky Sall pour instrumentaliser la Justice contre ses opposants politiques. Il est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis 6 ans». Arguments à l’appui, il accuse : «En sa qualité de Premier président de la Cour suprême, il porte une responsabilité personnelle, directe et écrasante dans les violations de mes droits fondamentaux, constatées par la Cour de Justice de la Cedeao, le Groupe de Travail des Nations unies sur la détention arbitraire, ainsi que toutes les juridictions internationales qui se sont prononcées sur ma situation». Occasion que saisira le candidat du Pds pour préciser que «depuis 2012, d’abord comme Président de la chambre pénale de la Cour Suprême, puis comme Procureur général près de la Cour suprême, enfin comme Premier président de la Cour suprême, M. Badio Camara a planifié et organisé le 23 mai 2014 le rabat scandaleux de l’arrêt historique de la chambre criminelle de la Cour suprême du 6 février 2014, qui consacrait mon droit d’introduire des recours ou de faire appel contre les décisions de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei)». Il en rajoute une couche révélant que Badio Camara a participé récemment à plusieurs réunions nocturnes au palais de la République, tenues par Macky Sall en présence d’un membre du Conseil constitutionnel, du ministre de la Justice et du ministre de l’Intérieur pour mettre à exécution le rejet arbitraire de son inscription sur les listes électorales, et aussi organisé le rejet des recours qu’il pourrait introduire dont celui sur lequel la Cour suprême statuera le 30 août.
Pour toutes ces raisons, estime Karim Wade, «je ne peux avoir confiance en M. Badio Camara, que le sens de l’honneur, de la dignité et de la loyauté s’imposant à un magistrat aurait dû pousser à se disqualifier lui-même, sans attendre que je le fasse à sa place». L’ancien ministre des Infrastructures et de la Coopération internationale ajoute : «La complicité de M. Badio Camara avec Macky Sall est manifeste». Karim Wade estime que «notre justice regorge de magistrats indépendants et honnêtes, professionnels et compétents, ayant la ferme volonté de rendre des décisions impartiales et justes, acceptées par tous et contribuant au respect de l’Etat de droit et de la démocratie». Tous ces magistrats incorruptibles, renseigne-t-il, «sont volontairement écartés par Macky Sall au profit d’autres manipulables». Non sans signaler que «le moment est venu pour ces magistrats soumis aux ordres de Macky Sall d’être remplacés pour que notre pays retrouve une justice digne de ce nom».
Magib GAYE