Macky Sall et Alioune Badara Cissé ont-ils fumé le calumet de la paix ? Les images des deux, tout sucre tout miel, diffusées par la Rts laissent pencher pour une réponse affirmative tant les deux protagonistes qui se haïssaient cordialement se sont jetés des fleurs.
C’est la paix des braves entre le président de la République et le médiateur de la République. Les deux hommes, dont les relations étaient très tendues ces derniers temps, semblent avoir fumé le calumet de la paix. En effet, la remise tant redoutée des rapports 2014-2017 du Médiateur s’est déroulée sans anicroche. Mieux, les deux hommes se sont jetés des fleurs comme jamais auparavant. Le président de la République a loué les qualités humaines et professionnelles «Remarquables» (avec grand R, insiste-t-il) et le travail accompli par le médiateur de la République et son équipe. Quant à Alioune Badara Cissé, il s’est félicité de la confiance que le président de la République accorde à l’institution qu’il dirige.
Pourtant, il n’y a pas longtemps, les deux hommes se détestaient cordialement et s’invectivaient par partisans interposés. Connu pour sa liberté de ton, le médiateur de la République ne manquait jamais une occasion de dénoncer les manquements du régime. Il avait notamment critiqué les couacs dans la distribution des cartes d’électeurs lors des élections législatives de juillet 2017. Ce qui avait irrité au plus haut point le chef de l’Etat et ses partisans au point de réclamer sa tête. En effet, le Secrétariat exécutif national (Sen), l’instance dirigeante de l’Apr lui avait demandé de se taire ou de démissionner de la Médiature et d’affronter Macky Sall. Quelque temps après, c’est Abdou Karim Sall, responsable de l’Apr dans le département de Pikine qui était monté au créneau pour enfoncer le clou, en traitant ABC de tous les noms d’oiseaux.
Bien avant cela, le parti qu’il avait contribué à bâtir l’avait dégradé de son rang de numéro 2 à celui de simple militant. Mais, tout cela semble appartenir maintenant au passé. Nous sommes à moins de six mois de l’élection présidentielle de février 2019 et le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, a besoin de rassembler sa famille politique pour maximiser ses chances et aussi pour ne pas pousser certains responsables de son parti dans les bras de l’opposition.
Charles Gaïky DIENE