Candidat déclaré à l’élection présidentielle du 24 février prochain, Samuel Sarr tire à vue sur le pouvoir de Macky Sall dont il était pourtant proche. Il vient d’exiger la déclassification de rapports qui risquent de donner des sueurs froides au régime en plein été. Et dans ses requêtes, la gestion de l’immeuble du Sénégal à New-York fait plus désordre.
Coups en rafales de Samuel Sarr. Si sa candidature était jusqu’ici banalisée, l’ancien ministre d’Etat doit être fier d’occuper la Une des journaux. Cela, en posant les vrais débats et en poussant le régime de Macky Sall dans ses derniers retranchements. Répondant à une contribution de Mody Niang sur son rôle à la Société africaine de raffinage (Sar), Samuel Sarr a ouvert les poubelles de la République. Cela, en invitant le chef de l’Etat à déclassifier des rapports de l’Inspection général d’Etat (Ige) et en publiant la liste des permis de recherche et d’exploitation de Pétrole et de gaz depuis 2012. Une demande à laquelle le pouvoir accéderait difficilement à la veille de la présidentielle. Cela, à cause de la gêne que pourraient créer certaines choses que lui reproche déjà l’opposition. Mais, si le secret d’Etat peut entourer la déclassification du rapport de l’Ige sur la Sar, sur l’audit de la gestion de Khalifa Sall, l’enquête de l’Ofnac sur l’affaire PetroTim ou encore le rapport de l’Ige sur le sommet de la Francophonie de 2014, la déclassification du rapport de l’Ige sur les transactions de l’immeuble du Sénégal à New-York, est plus qu’une exigence de transparence. Parce que l’achat et la gestion de cet immeuble intriguent beaucoup de Sénégalais qui se posent des questions sur le pourquoi deux appartements sont affectés à la famille du «Patron» ou encore sur la destination de l’argent des loyers. Et, avant-hier, répliquant à la contribution de Mody Niang, Samuel Sarr, qui a voulu détourner les regards vers le pouvoir, a demandé que le gouvernement édifie les populations sur «le rôle d’un proche de Macky Sall et les conséquences financières désastreuses pour le Gouvernement du Sénégal». En formulant ainsi sa requête, M. Sarr semble bien savoir ce dont il parle et détenir des éléments à charge contre certains pontes du régime. Car, selon certaines indiscrétions, l’ambassadeur du Sénégal ne réside pas dans cet immeuble et que c’est un mystérieux israélien, Rohn, ancien agent de renseignement reconverti dans les affaires, qui s’occuperait de l’affaire. Et, confient certaines sources, aucun fruit des loyers de l’immeuble n’apparait sur aucune ligne au Trésor public. Sinon, qu’on nous dise le contraire. Car, il serait intéressant que ce régime qui poursuit Khalifa Sall sur la destination de l’argent de la caisse d’avance de la mairie de Dakar apporte des réponses à ces interrogations de l’ancien ministre de l’Energie.
Toujours dans le cadre de ce projet initié sous Abdoulaye Wade, on aimerait bien savoir le rôle joué par l’architecte et candidat à la prochaine élection présidentielle, Pierre Goudiaby Atepa, lui dont on dit qu’il était à la manœuvre avec l’ancien ambassadeur Paul Badji au moment de l’acquisition avant d’en être sorti.
Par souci de transparence et pour la postérité, il serait normal que ceux-ci qui aspirent à nous diriger nous édifient sur ceux qui ont bénéficié des parasols dorés de cette République des exceptions en Afrique. Car, aucun pays au monde ne possède un immeuble à New-York, en dehors de bâtiments diplomatiques. Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est pour faire des économies. Sinon, on ferait bien de rester à Dakar.
Seyni DIOP