Le candidat Macky Sall est en campagne électorale avant l’heure. Une campagne basée sur l’inauguration d’infrastructures et la remise de financements à des associations de femmes, de jeunes, etc pour mieux convaincre et avoir les suffrages des électeurs.
Le président de la République, candidat à sa propre succession, a pris une longueur d’avance sur ses adversaires. Il a démarré en trombe sa campagne électorale, alors que nous sommes à huit mois du scrutin, dont le 1e tour est fixé au 24 février. Une campagne électorale avant l’heure, basée sur l’inauguration d’infrastructures mais également de remise de financements tous azimuts à des associations et groupements de femmes, de jeunes, etc pour mieux convaincre et avoir les suffrages des électeurs.
Ainsi, le chef de l’Etat vient d’entamer une série d’inaugurations d’infrastructures. Hier, il a inauguré le complexe Arena de Dakar, une salle multisports. Au mois d’octobre, Macky Sall va inaugurer l’arène nationale de lutte construite par les Chinois en banlieue dakaroise.
Il y a trois jours, à Diamniadio, il a remis une enveloppe de 10 milliards de francs destinée au financement de projets portés par des femmes et des jeunes, venant de tous les départements du Sénégal. Ces financements ont été octroyés dans le cadre de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der), initiative visant à valoriser le potentiel entrepreneurial des jeunes et des femmes.
Le président, candidat à sa propre succession, explique que ce financement répond à l’impératif de développer l’auto-emploi et l’insertion des jeunes et femmes à travers la promotion de l’entreprenariat. Mais pour son ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, qui est également candidat à cette élection présidentielle, cet argent est un autre prétexte pour gaspiller 15 milliards. «On sait qu’ils ont décidé de prendre ce qui reste dans la trésorerie de l’Etat déjà exsangue, ce qui nous appartient à tous, pour faire leur politique: cette politique politicienne qui met au-devant de tous leurs intérêts personnels», fustige le leader de l’Act.
Mais Macky Sall compte incontestablement sur son Train express régional (Ter) qui va relier Dakar à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, pour remporter ce scrutin. D’ailleurs, il a exigé la livraison du train au mois de janvier 2019, un mois juste avant le premier tour du scrutin. «Le Train express régional (TER) sera livré précisément le lundi 4 janvier 2019. Le train commencera effectivement à siffler à Dakar en 2019 après livraison des travaux le lundi 4 janvier 2019», a assuré Abdou Ndéné Sall, ministre délégué chargé du Développement du réseau ferroviaire.
Au mois de décembre dernier, il a inauguré l’aéroport international Blaise Diagne (Aidb), une infrastructure pourtant achevé depuis belle lurette. Cette tactique électorale, le président Macky Sall l’a empruntée de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, avec son fameux slogan: «inaugurer, encore inaugurer et toujours inaugurer». C’était à la veille de l’élection présidentielle de 2007. Mais les temps ont changé, et ce slogan est passé de mode. Peu importe, Macky Sall ne veut pas changer une formule qui a fait ses preuves.
Mais ce n’est pas sûr que ces inaugurations soient déterminantes le jour du vote. Le chômage des jeunes et la pauvreté pèseront lourdement le 24 février et après. Car le défi majeur actuellement au Sénégal, c’est l’emploi des jeunes, la lutte contre le chômage. Et sur ce point précis, le président Macky Sall est loin, très loin du compte. D’ailleurs, l’enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sur l’emploi au Sénégal pour le premier trimestre 2017 a montré que 6 chômeurs sur 10 (60,6 %) concernent les 15/34 ans. Les taux les plus élevés sont observés chez les jeunes des tranches d’âge 20/24 ans et 25/29 ans, soit respectivement 31,5 % et 29,2 %. Les 35/64 ans sont moins affectés avec un taux de chômage estimé à 18,4 %.
Charles Gaïky DIENE