Le Front patriotique pour la défense de la République estime que les modifications intempestives et unilatérales du Code électoral, par le gouvernement, vont conduire «inéluctablement vers une confrontation violente avant, pendant et après le jour du scrutin».
Mamadou Diop Decroix et Cie qui dénoncent le système du parrainage visant à éliminer des candidats à la présidentielle, préconisent le retour pur et simple au code électoral consensuel qui avait permis, en mars 2012, d’élire l’actuel président de la République.
La conférence des leaders du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr), est arrivée à la conclusion que les «modifications intempestives et unilatérales» du Code électoral, jadis consensuel, par le gouvernement, vont conduire «inéluctablement vers une confrontation violente avant, pendant et après le jour du scrutin, ce qui serait un désastre pour notre pays et pour l’Afrique». Mamadou Diop Decroix et Cie signalent qu’au lendemain du scrutin présidentiel de 1988, la situation étant devenue dangereuse avec des affrontements violents, le parti au pouvoir et l’opposition acceptèrent la médiation du NDI, Fondation du Parti démocrate américain, pour une issue heureuse. «Au terme de discussions serrées, les négociations aboutirent, par un consensus total, au Code surnommé ‘Code NDI-Kéba Mbaye’, du nom du défunt Président de la Cour suprême d’alors, grand juriste respecté dans le monde entier, qui venait de terminer une mission de plusieurs années à la Cour internationale de justice de La Haye dont il était le Vice-président», rappelle la conférence des leaders du Fpdr. Ce Code électoral consensuel, ajoute-t-elle, a régi les élections au Sénégal un quart de siècle, sans crise majeure.
«Macky Sall, dictateur maladroit, a modifié substantiellement et de manière unilatérale le code consensuel. Dans son nouveau code, il institue, en particulier, le parrainage obligatoire pour tout candidat, par 65 000 électeurs figurant sur la liste électorale et, cela, sans aucune erreur sur le nom, le numéro de la Carte nationale d’identité, le numéro de la Carte d’électeur et la signature devant être conforme à celle qui figure sur la pièce d’identification», expliquent le Pds et ses alliés. Non sans souligner que ce système de parrainage combiné à l’instrumentalisation de la justice avec des juges «constitutionnels aux ordres, doit lui permettre d’éliminer arbitrairement les concurrents qui menacent sa réélection et de se choisir ses concurrents. Ainsi, il évite des candidats susceptibles de le battre, dans le cadre d’une compétition loyale et ouverte, lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019».
Aujourd’hui, accusent les opposants, l’Apr a démarré sa campagne autour de la collecte des parrains alors que le ministre de l’Intérieur ne fournit pas les modèles officiels devant servir à cette opération. «De même, le ministre de l’Intérieur refuse de donner suite à nos demandes d’accès au fichier électoral en vertu du droit de regard et de contrôle que la loi nous reconnaît», martèlent-ils.
C’est pourquoi, la Conférence des leaders du Fpdr estime que l’ultime solution pour sauvegarder la stabilité et la paix consiste à un retour pur et simple au code électoral consensuel qui avait permis, en mars 2012, d’élire l’actuel président de la République dans un scrutin démocratique et pacifique. «Il sera par la suite possible de procéder à une revue dudit code au-delà de l’élection présidentielle de l’année prochaine, dans des conditions à déterminer mais surtout dans un climat apaisé. Ceci permettra aux partis politiques, à la Cena, à l’administration et à la société civile d’élaborer un consensus permettant une poursuite satisfaisante du processus en cours, déjà particulièrement biaisé».
Pour le Fpdr, la fuite en avant et le forcing en cours de la part du pouvoir ne sont pas la solution du contentieux électoral qui ne peut manquer de plonger le Sénégal dans une situation d’instabilité et d’insécurité qu’il n’a jamais connue.
Georges Nesta DIOP