Un homme a été tué par balle lors de manifestations post-électorales mercredi 1er août à Harare, où l’armée a ouvert le feu sur des partisans de l’opposition qui dénoncent des fraudes lors des scrutins de lundi, a constaté un photographe de l’AFP.
“On ne veut pas les soldats dans la rue. Ils ne vont pas nous faire taire avec leurs fusils”, avait prévenu Beridge Takaendesa, un ancien agent immobilier de 43 ans.
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en novembre à Robert Mugabe, écarté après près de quatre décennies au pouvoir par un coup de force de l’armée et de son parti, a lancé un appel au calme.
“Le temps est venu de faire preuve de responsabilité et par-dessus tout, le temps de la paix est venu. En cette période cruciale, j’appelle tout le monde à cesser de faire des déclarations provocatrices (…). Nous devons faire preuve de patience et de maturité” en attendant les résultats définitifs, a-t-il ajouté sur Twitter.
Les scrutins de l’ère Mugabe ont été régulièrement entachés de fraude et de violences. Soucieux de se démarquer de son ex-mentor, son successeur et ancien bras droit, M. Mnangagwa, avait promis des élections justes, pacifiques et transparentes et avait invité des observateurs occidentaux, une première en seize ans, aux élections présidentielle, législatives et municipales de lundi, les premières depuis la chute de Robert Mugabe.
Les observateurs de l’Union européenne (UE) ont dénoncé mercredi dans un communiqué “l’inégalité des chances” entre les candidats aux élections générales au Zimbabwe et des “intimidations d’électeurs”, tout en soulignant que le climat politique s’est “amélioré” au Zimbabwe.
La mission de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a elle d’ores et déjà salué “l’environnement pacifique” qui a prévalu pendant la campagne et le jour du vote et “donné au peuple zimbabwéen la possibilité d’exercer son droit constitutionnel”.
Dans le cas où les résultats seraient contestés, la SADC a “exhorté” les candidats “à s’abstenir de toute forme de violence”.
Mercredi, la commission électorale (ZEC) a publié les premiers résultats partiels des législatives. Sur 153 des 210 circonscriptions du pays, “la Zanu-PF obtient 110 sièges, tandis que le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) obtient 41 sièges”.
Selon ces chiffres, la Zanu-PF a donc obtenu la majorité absolue à la chambre basse.
Ni la Zanu-PF ni le MDC n’ont immédiatement réagi à ces premiers résultats officiels des législatives, mais le patron du MDC, Nelson Chamisa, a affirmé que ceux de la présidentielle étaient en train d’être truqués.La commission électorale, critiquée pour sa partialité pendant les scrutins de l’ère Mugabe, “cherche à publier des résultats pour gagner du temps et inverser la victoire du peuple à l’élection présidentielle”, a affirmé Nelson Chamisa sur son compte Twitter. “La stratégie est destinée à préparer mentalement le Zimbabwe à accepter de faux résultats pour la présidentielle. (….) Nous avons remporté le vote populaire et nous le défendrons”, a-t-il assuré.Des premiers résultats partiels de la présidentielle, qui se joue essentiellement entre Emmerson Mnangagwa et Nelson Chamisa, seront annoncés mercredi à la mi-journée, selon la ZEC, qui la veille tablait seulement sur vendredi ou samedi.
Si personne n’obtient la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, les deux candidats arrivés en tête s’affronteront lors d’un second tour prévu le 8 septembre. Les résultats des législatives annoncés mercredi par la ZEC contredisent les annonces la veille du MDC, qui avait revendiqué la victoire.
Une proclamation qui a suscité la colère du gouvernement qui a menacé d’arrestations ceux qui annoncent des résultats alors que le décompte se poursuit. De son côté, le président Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, s’était dit confiant mardi dans la victoire. “Les informations obtenues par mes représentants sur le terrain sont extrêmement positives”, a-t-il assuré.Les électeurs se sont déplacés en masse lundi pour les premières élections générales post-Mugabe, alors que le pays est embourbé dans une grave crise économique depuis près de deux décennies.
Robert Mugabe, lâché par l’armée et son parti de la Zanu-PF après avoir limogé Emmerson Mnangagwa de son poste de vice-président, avait été contraint de démissionner en novembre après trente-sept ans au pouvoir.
Dimanche, lors d’une conférence de presse surprise, le nonagénaire a annoncé qu’il ne voterait pas Zanu-PF, laissant sous-entendre qu’il glisserait un bulletin Chamisa.