CHRONIQUE DE WATHIE
Si Eumeu SENE ne s’était pas présenté hier samedi au stade Léopold Sédar SENGHOR, Bombardier rentrerait à n’en pas douter à Mbour avec son titre de « roi des arènes ». Le risque d’être détrôné que le lutteur de Mbour a pris, Macky SALL n’entend absolument pas le prendre en 2019. Avant de prendre part à la compétition, il veut être assuré de la victoire même si c’est à la Pyrrhus. En attendant, l’opinion doit être préparée à ces résultats qu’il connait d’avance.
C’est le déchainement des communicants. Inspirés depuis la présidence de la République, « les faiseurs d’opinion » tentent de faire croire aux Sénégalais que Macky SALL va être réélu en 2019. Leurs paroles décrédibilisées par d’autres affaires, c’est sur la prédiction des résultats de la prochaine présidentielle sénégalaise qu’ils entendent les réhabiliter. Cet exercice de préparation de l’opinion à une improbable réélection de Macky SALL a réussi à tirer Moustapha DIAKHATE, qui avait disparu des radars avec la 12e législature, de la léthargie. Très loquace président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bok Yakaar, il a donné sa langue au chat en devenant chef de Cabinet du président Macky SALL. Cette semaine, dans une acrobatie rappelant ses diatribes quand il militait au PDS, il a refait surface. Et Si les Robert Bourgi et autre Cheikh Yérim SECK ont fait dans la spéculation, Moustapha DIAKHATE lui est venu avec des chiffres et des théories annonçant la réélection de son mentor. « Signe annonciateur de la réélection de Macky SALL dès le premier TOUR. Sur un nombre total de 6 219 446 électeurs inscrits, il y a eu 3 337 494 votants et un nombre de suffrages valablement exprimés arrêtés à 3 310 453 soit un taux de participation 53,66% avait obtenu, entre autres :
- Benno Bokk Yaakaar, 1 637761 voix soit 49,47 %
- Wattu Senegaal, 552 095 voix soit 16,67 %
- Mankoo Taxawu Senegaal, 388 188 soit 11,72 %
Alors que BBY, renforcé entre autres par le Parti pour la vérité et le développement (PVD), la coalition « Yeessal » de Modou DIAGNE Fada, « Bunt Bi » de Théodore Monteil, la Convergence patriotique pour la justice et l’équité (CPJE) de Demba DIOP dit « DIOP Sy », présentera un seul candidat, il fort probable qu’il y aura plusieurs candidatures issues des défuntes coalitions Wattu et Mankoo.
Ces résultats plaident pour une évidente réélection de Macky SALL dès le premier TOUR en 2019 ». C’est ce qu’a écrit le chef de Cabinet du président Macky SALL. Moustapha DIAKHHATE perd de vue (express ?) que le Parti socialiste, qui avait remportait les 93 sièges sur 140 à l’Assemblée nationale aux élections législatives du 24 mai 1998, a été balayé deux ans plus tard par l’opposition à laquelle Macky SALL appartenait. Cette page récente de l’histoire politique du Sénégal, l’ancien président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bok Yakaar ne peut pas l’oublier. S’il ne l’a pas prise en compte dans ses conjectures, c’est que le régime de Macky SALL est dans une logique de « on gagne ou on gagne ». Les propos de Moustapha DIAKHATE revêtent un seul et unique enseignement utile, Macky SALL favorise la transhumance pour pouvoir justifier les résultats consacrant sa réélection.
« Il va bien falloir me choisir ». Le leader de l’Alliance pour la république (APR) a déjà franchi cette étape de sa logique. Les pouvoirs législatif et judiciaire mis à contribution, il a fait le vide autour de lui. Avec les affaires Khalifa SALL et Karim WADE, voilà deux tenaces adversaires de moins. Avec le parrainage, certains jeunes loups aux dents longues n’encombreront pas sa marche triomphale. Les partis qui ont animé toutes ces décennies le jeu politique sénégalais (PDS, PS, PIT, LD) hors de course, Macky SALL semble ne plus avoir d’adversaire que l’opinion nationale et internationale. Les nombreux coups d’avant combat qu’il porte à ses plus sérieux challengers font plus qu’interroger sur ce qu’est devenue la démocratie sénégalaise si longtemps vantée. En outre, Macky SALL, même sans adversaires sérieux, aura de réel problème pour rempiler. Hué par ses compatriotes partout où il se rend à l’étranger, le président SALL qui peine à apporter une solution aux problèmes primaires des Sénégalais est loin de faire courir les foules au pays. A l’occasion de la dernière célébration de l’indépendance du Sénégal, il a été fait état de jeunes payés pour occuper les allées du Centenaire. La mobilisation de ses partisans lors de la remise des clefs de l’arène nationale, la semaine dernière, c’est le leader de l’APR lui-même qui aurait déploré sa faiblesse. Avant Macky SALL, il ne fallait prier personne pour aller découvrir le mythe qu’était le chef de l’Etat. C’est cette impopularité ambiante qui fait que Macky SALL ne veut pas se rendre aux urnes sans au préalable s’être aménagé un trou, infime soit-il. Un chameau qu’il veut faire passer par le trou d’une aiguille.
Par Mame Birame WATHIE