Les élus locaux «déchirent» la Plan Sénégal Emergent, politique ô combien importante du Président Macky Sall.
Prenant part hier à un atelier sur la phase 2 du Pse avec les responsables de la Direction générale de la planification et des politiques économiques, ils ont clairement précisé qu’ils ne se sentent pas dans cette politique.
Alors que le Président Macky Sall se glorifie des réalisations faites dans les collectivités locales à travers ses programmes : Pudc, Pumu, Promovilles dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (Pse), voilà que les maires et conseillers départementaux disent ne pas sentir cette politique ô combien importante pour le chef de l’Etat. Prenant part hier à un atelier sur la phase 2 du Pse avec les responsables de la Direction générale de la planification et des politiques économiques, les élus locaux ont exposé leurs courroux, préoccupations et difficultés dans la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation.
Représentant du président de l’Union des maires du Sénégal (Ums) dans cette rencontre, Cheikhna Camara également maire de la commune de Balou (département de Bakel) s’est voulu clair en soutenant que «nous ne sentons pas le Plan Sénégal Emergent dans les collectivités territoriales». Pour se faire on ne peut plus explicite, il détaille : «Après la première phase du Plan Sénégal Emergent (Pse), nous sommes à la phase 2 et nous avons identifié beaucoup de disfonctionnements». Lesquels ont pour noms : la territorialisation des politiques publiques, le statut de l’élu local, la mise en œuvre de la fonction politique locale… Pour le représentant du président de l’Ums «le Sénégal se trouve dans une situation telle qu’il y a des déséquilibres flagrants au niveau du développement des territoires. Il y a des communes qui ont des problèmes de désenclavement, d’éducation, de santé, d’équipements… Il faudrait que le Sénégal prenne à bras le corps le développement tel que le chef de l’Etat est en train de nous y orienter. Balou n’est pas la seule commune où il y a des difficultés. Il y a 557 communes où il y a des problèmes d’éducation, de santé». Lorsqu’on parle d’un pays émergent, explique-t-il, «il faut parler d’abord d’une commune émergente. Parce que c’est l’ensemble des communes émergentes qui fait que le Sénégal émerge».
L’appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Pour cause : le coordonnateur de la Direction générale de la planification et des politiques économiques a reconnu ces manquements propres aux collectivités locales. «Le Plan Sénégal émergent a un levier de décentralisation qui est exprimé à travers l’acte 3 de la décentralisation. Il y a eu un début de mise en œuvre de cet acte 3 et il y a eu beaucoup des contraintes à lever pour aller au véritable sens de cette politique de décentralisation pour arriver à des territoires viables. Nous avons identifiés les contraintes sur le statut de l’élu, l’application effective des lois…», reconnaît Mayacine Camara. Qui signale au passage que «le Plan Sénégal émergent doit nous mener à l’impulsion de l’émergence en 2035. Chaque cinq ans nous devons revisiter le plan d’actions prioritaires et inscrire de nouveaux projets qui devraient nous réajuster vers le chemin de l’émergence». Avant de poursuivre en ces termes : «On est à la fin de la première phase, nous engageons la deuxième phase 2019–2023. Nous essayerons de lever les contraintes dans cette deuxième phase. C’est pour permettre aux maires et présidents de conseils départementaux de s’accorder sur les différentes orientations».
Magib GAYE