L’inspection d’académie de Grand-Dakar a ouvert ses huit centres d’examen où sont attendus 4 877 candidats, pour le Brevet de fin d’études élémentaires (Bfem) qui a démarré hier. Mais ce ne fut pas sans couacs. Un tour dans quelques centres d’examen à Dakar permet d’en faire le constat.
Le centre Khadim Rassoul se trouve à Derklé. C’est une école privée qui sert de lieu d’examen. A l’entrée, des voitures sont garées. Quelques jeunes, feuilles aux points, font leur Qg sur les marches. Un hall accueille le visiteur. Une table avec des piles de papiers est posée au fond du hall. Ici, il y a plusieurs couloirs. Avec des enseignes sur les murs. Un des passages mène à une cour intérieure. Au bout du couloir, un homme se découvre dans l’ombre. Assis en maître sur une chaise, boubou gris, bardé d’un pin’s qui représente le drapeau national, verres, téléphone à l’oreille, toutes les voies mènent à lui. A sa gauche, un policier est assis à l’entrée d’une salle. Dans l’arrière-cour, une cantine. «Nous sommes tenus de respecter les règles. Des instructions ont été données», répond fermement l’homme qui oriente votre serviteur. Quelque peu surpris, on a beau expliquer qu’aller rapporter ou faire le compte rendu d’un point de presse n’est pas faire le reportage, cela n’aura servi à rien. L’homme a donné sa langue au chat. Pendant ce temps, le calme plat s’abat dans le centre qui n’offre qu’une issue. Au sortir, c’est le sentiment de fermeture de la communication qui vous anime. Interpellé, M. Abdoulaye Wade de l’Inspection de l’éducation et de la formation de Grand-Dakar confirme que des instructions ont été données. «C’est pour avoir une vision globale. Un syndicat peut être mal accueilli et dire des choses», répond-il.
Durant cette première journée, les élèves composent en dictée. Le titre du texte est le forgeron. Ils font aussi le texte suivi de questions et la dissertation sur la classification des métiers à partir du texte de l’écrivain Mariama Bâ. À l’entrée de Saldia, un autre centre d’examen, les jeunes sont en groupe à l’ombre des arbres. Le gardien est à l’affût. Surpris en conversation, les jeunes filles et garçons, plutôt précoces, partagent leur formule fétiche : «C’est abordable». Plusieurs entrailles mènent d’un point de l’école Saldia à un autre. Pendant qu’ici, les candidats au bac viennent récupérer les relevés de notes, là-bas, de l’autre côté du mur quand on traverse un couloir, un espace coloré, dessiné, encadre une cour vide, entourée par des bâtiments aux couleurs bleues et blanches. La cour est déserte. A l’entrée d’une porte où il est mentionné, «jury», des adultes sont assis sur des bancs en bois. A l’intérieur, à travers les vitres, les occupants papotent des feuilles d’examen. Boniface Sarr est le chef de centre. Il fait remarquer qu’il y a un tableau qui présente la topographie du centre d’examen. Cela est fait avec de la craie de couleurs variées. Des flèches indiquent les numéros des jurys. Il y a également des chiffres sur les effectifs…. C’est l’heure de la pause. La chaleur brûle sans que le soleil ne soit perçu. Des candidats sont à l’abri des couloirs qu’offre l’école. Surprise en train de se caler les joues sur ses feuilles, Khady Bayo, mange goulument son pain omelette. Elle fait partie de ces jeunes candidates qui habitent loin du centre d’examen. Elle réside aux Parcelles-assainies. En face d’elle, Ibrahima Laye est un élève du public contrairement à Mlle Bayo qui étudie dans le privé. La peau finement grasse, il fait partie des candidats libres. «Nous avons déjà l’expérience même s’il y a eu des grèves», assure-t-il. Pour cet élève, les candidats libres de la série littéraire sont dans la continuité. De même que les scientifiques font la même chose quand en Seconde ou Première, ils préparent l’examen de la troisième.
A Ouagou Niayes, le centre d’examen se découvre avec son mur aux graffitis. Dans la cour de l’école, il y a de l’ambiance. Des adultes sont soit à table à écrire sur des feuilles d’examen, soit couchés. Leur atmosphère est plus calme par rapport à l’espace de jeunes garçons et filles, en palabres, sous les arbres, dans la cour sablonneuse de l’école. Pendant que certains se ravitaillent à un étal, installé à proximité d’une des salles de classe, d’autres se désaltèrent dans la fontaine située à l’arrière-cour des toilettes. Il y en a qui sont dans les salles assombries à l’abri du soleil. Sur le tableau, il est écrit que les épreuves démarrent à 8 heures 28! De fil en aiguille, on apprend que le décodage de la caisse qui doit contenir les sujets a donné du fil à retordre aux jurys… Cela a retardé le démarrage.
Emile DASYLVA