CONTRIBUTIONL’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar qui a valu une condamnation en première instance du député-maire Khalifa Sall à cinq (05) ans de prison ferme assortie d’une amende de cinq (05) millions continue de faire encore couler beaucoup d’encre et de salive avec le procès en appel coïncidant à l’arrêt rendu par la Cour de justice de la Cedeao. Celle-ci a jugé que les droits des accusés à un procès équitable ont été violés de même que leur présomption d’innocence.
L’empressement dans le traitement de ce dossier a souffert de vices dans la procédure qui risquent de tout remettre en question. Cela s’est traduit par la violation de l’article 55 du Code de procédure pénale qui garantit à la personne la présence d’un conseil dès son interpellation sous peine de nullité de toute la procédure. L’immunité parlementaire du maire de Dakar a également été foulée aux pieds, car il a été emprisonné sans qu’on ait eu à lever au préalable cette immunité. Tout ceci appelle, à prime abord, la responsabilité de l’Etat du Sénégal qui a failli face à ses obligations. Il a ainsi commis une erreur politique qu’il risque de payer cash.
En effet, il se trouve aujourd’hui dans un dilemme cornélien avec une alternative qui s’offre à lui : respecter l’arrêt de la Cedeao et l’article 55 du Cpp en libérant Khalifa Ababacar Sall ; faire fi de ces dispositions et le maintenir dans les liens de la détention. Toutes ces deux hypothèses ne sont pas sans risques pour l’Etat du Sénégal. En effet, pour taire toute menace de dictature rampante dans notre pays, donner plus de crédit à notre pouvoir judiciaire et redorer notre blason au plan communautaire, l’Etat gagnerait à libérer Khalifa sall pour être en phase avec son statut d’Etat de droit baignant dans un contexte où tous les chemins mènent vers la libération de Khalifa Sall et où le juge de la Cour d’appel est doublement lié à l’arrêt rendu par la Cour de justice de la Cedeao et l’article 55 du Cpp relatif à la loi nationale 2016-30 du 08 novembre 2016 qui réduisent, voir annihilent ses marges de manœuvre pour maintenir Khalifa Sall en prison quelque lourdes que puissent être les charges qui pèsent sur lui.
Mais le gros hic c’est la force inouïe qu’on risquerait de donner à un candidat, à seulement sept mois de l’élection présidentielle, dans cet Etat de droit qui aura fini d’accréditer la thèse du procès politique. Alors, la sanction des citoyens à travers les urnes risque de tomber lourdement, emportant avec elle le régime du président Macky Sall. Pour confirmer la dictature rampante, le choix serait de maintenir Khalifa Sall en prison, avec tous les risques d’instabilité qu’un tel scénario pourrait occasionner. Le faisant, l’Etat se met à dos aussi bien le peuple que la communauté internationale. Le peuple, ne tolérant pas l’injustice, pourrait faire de la libération de Khalifa Sall son cheval de bataille, et la lumière du 23 juin 2011, se mobiliser pour exiger la libération du député-maire avec certainement la caution de la communauté internationale.
Voilà, dans ce contexte lourd de tous dangers, les deux scénarii qui sont offerts au président Macky Sall et à son régime. L’insurrection ou les urnes ? Nous osons espérer qu’ils vont préférer les urnes pour préserver notre pirogue des affres d’une tempête insurrectionnelle.
El Hadji Abdou WADE dit Mara